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08-Mai-2020 Par

Crises, blocus et menaces de guerre au Venezuela

Depuis plusieurs semaines le Président américain Trump et la droite réactionnaire autour de l’équipe Guaidó font tout pour préparer un nouveau coup de force contre le gouvernement bolivarien du Venezuela.

Crises, blocus et menaces de guerre au Venezuela

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Depuis plusieurs semaines le Président américain Trump et la droite réactionnaire autour de l’équipe Guaidó font tout pour préparer un nouveau coup de force contre le gouvernement bolivarien du Venezuela.

  

Une politique impérialiste criminelle des américains

 

Concentration de plusieurs milliers de soldats et formation d’unités paramilitaires composés de mercenaires en Colombie, présence de la marine US devant les côtes vénézuéliennes. Blocus et sanctions de vente d’aliments, de médicaments et d’accès aux crédits du FMI. Le 26 mars, le département de justice US ont annoncé des poursuites pour narcotrafic contre le Président Maduro et une dizaine d’autres dirigeants vénézuéliens, et offrent une prime de 15 millions de dollars pour sa tête. L’escalade actuelle, sur fond de pandémie COVID, se dirige vers une agression militaire ouverte.

 

Suite aux sanctions économiques multiples, l’économie (qui est toujours capitaliste, il faut le souligner) est durement affectée et le peuple survit seulement grâce aux rationnements. Les pénuries d’aliments et de médicaments sont récurrentes. Le pays connait sa septième année de récession et suite à l’effondrement monétaire et la chute du prix mondial du pétrole, le pouvoir d’achat des salariés et devenu quasi nul.

 

Dans ce contexte de crise la propagation de l’épidémie Corona dans le pays aurait des conséquences démesurées au Venezuela et au-delà. Pour cette raison l’ONU, l’union européenne et même le pape François et le Financial Times ont pris leurs distances vis-à-vis de la politique de la « pression maximale » de Donald Trump, sans pour autant la contrarier efficacement.

 

Blocus, sanctions et menaces de guerre

  

Devant l’état des choses la classe ouvrière est choquée, désorientée et partiellement démoralisée. Tous – ou presque tous – les acquis de l’ère Chavez ce sont évaporés et un sentiment de frustration est générale, ce qui empêche l’émergence d’un mouvement populaire de protestation à gauche de la politique de Maduro. Les gens ne se font pas d’illusions sur ce qui les attend après une hypothétique victoire de la droite réactionnaire à la Guaidó, et ils ne savent pas comment influencer et corriger la direction du PSUV, largement discrédité par leurs compromis avec le système capitaliste qui a mené e Venezuela dans le chaos actuel.

 

Pourtant les causes et les faiblesses du chavisme viennent de loin, et maintenant devant l’ampleur de la crise sociale et économique il devient urgent de faire un bilan clair et critique.

C’est Hugo Chavez lui-même qui a façonné le « Mouvement pour la cinquième république » à partir d’une conjuration d’officiers de gauche, et qui a implanté dès le début plusieurs déformations et des approches pragmatiques, voire opportunistes, dans ce qui allait devenir dans la suite le mouvement bolivarien.

 

Pour évoquer seulement les principaux points critiques :

 

  • La conception « interclassistes » du Mouvement. Le PSUV n’est pas un parti révolutionnaire des ouvriers et paysans, mais une structure qui a comme objectif de rassembler aussi la « bourgeoisie patriotique », ce qui veut dire : faire l’alliance avec la partie du patronat qui accepte des arrangements profitables avec le nouveau régime.

 

  • La conséquence principale de ce choix, c’est directement le refus d’encourager l’auto-organisation autonome des travailleurs dans les entreprises. Pas de structures de conseils d’ouvriers (de soviets) sur les lieux de travail. Le résultat en est la limitation au système parlementaire bourgeois et au système représentatif indirect.

 

  • Le culte du chef, du « caudillo » comme juge suprême en dernière instance. Par exemple, Chavez est intervenu plusieurs fois dans la composition des listes électorales régionales et nationale en imposants des personnages douteux, des patrons pro-Chavez, contre des syndicalistes et militants de gauche.

 

  • Pas de visions et de programme clair sur le pouvoir de la classe ouvrière et d’une future société socialiste. Cette vue des choses à mené directement vers une compréhension « campiste » de la réalité mondiale. Posez une fois la question à un chaviste sur la différence entre la révolution mexicaine et cubaine ! Les questions de la propriété privé et de l’accumulation du capital sont absentes ou largement sous-estimés dans le programme chaviste.

 

  • L’enrichissement personnel est nullement banni dans l’idéologie et la pratique bolivarienne. Chavez a donné une nouvelle constitution à la République, mais l’appareille d’État est resté le même dans ses structures et son personnel.

 

  • Ainsi beaucoup de cadres chavistes ont une activité commerciale parallèle avec leurs mandats ou responsabilités politique. Ils connaissent alors les besoins du marché et ont un accès aux « crédits illégal » via le trésor public. Lénine et Trotski ont permis l’enrichissement privé lors du temps de la politique de la NEP, mais cette activité était honnie et mal vue pour les cadres révolutionnaires. À Caracas, c’est tout le contraire. Naturellement, il devient difficile pour les véritables socialistes de lutter contre la spéculation alimentaire et le marché noir quand presque tous les cadres, à tous les niveaux, ont leurs « business » à côté. Après la mort de Hugo Chavez ces pratiques ont pris une nouvelle dimension. En 2013, quand Maduro est devenu président, il a nommé comme présidente de la Banque centrale une économiste marxiste intègre, Edmée Betancourt. Lors du contrôle des comptes elle a dû constater un passif de devises de 23 800 millions de dollars qui avaient disparu des coffres de la Banque centrale et avaient été transférés légalement au secteur bancaire privé. Maintenant on estime que 350 milliards de Dollars ont disparu ainsi !

 

Lutter contre la droite réactionnaire et les bureaucrates-profiteurs

 

Cette masse d’argent reflète l’apparition d’une nouvelle caste. Elle est composée de fonctionnaires d’État, de la bureaucratie de PSUV, d’un secteur des forces armées, et de certains appareils syndicaux. Quand Chavez se rendait pour la dernière fois à Cuba, il a professé à deux de ses amis : « Je me sens infiltré dans ce gouvernement ». Dans son propre gouvernement ! C’était de sa part le constat honnête des erreurs, des faiblesses et des retards ou des incompréhensions politiques accumulés.

 

Pourtant la bataille n’est pas encore perdue et le peuple vénézuélien n’a pas encore dit son dernier mot. Un second souffle de la révolution bolivarienne reste possible, c’est ce que redoute aussi bien la vieille bourgeoisie comprador et l’impérialisme U.S. que les nouveaux accapareurs de la République chaviste. Les révoltes du Chili et de l’Equateur, ainsi que les résistances contre les néolibéraux en Bolivie et en Argentine le prouvent. Pour ça, le Venezuela a besoin de la solidarité de la gauche européenne. Les menaces de Donald Trump doivent cessez. Le blocus économique, commercial et financier doit cesser. Une aide d’urgence en crédits et en médicaments doit parvenir au Venezuela. Le gouvernement Maduro est jusqu’à présent le seul légitime, pas les marionnettes de Trump. Indépendamment des erreurs et dégénérations politiques, la Nation vénézuélienne a droit à la non-ingérence et à son autodétermination. La gauche radicale a le devoir de critiquer les dirigeants bolivariens, mais elle a aussi un devoir de solidarité contre la politique ouvertement impérialiste des États-Unis et de leurs alliés.

 

Alain Sertic  20/04/2020

 

 

 

 

 

 

 

 

Politique

08-Mai-2020 Par

Corona, ganz unten

Eindrücke aus Gesprächen mit Streetworkern.

Corona, ganz unten

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Eindrücke aus Gesprächen mit Streetworkern.

 

Überlebenskünstler

“Et gett déi eng an déi aner. Uewen an der Stad zum Beispill, do sinn vill Auslänner ennerwee, och e puer Lëtzebuerger. Klassesch Strummerten. Dat sinn zum Del Iwwerliewenskénschtler. Déi schloen sech ganz gutt derduerch. Si ginn heeschen, si maachen och mol e klengen Job, den Moment zwar manner, si wessen, wou se wat kënnen kréien. Déi wëllen keen Ënnerdaach. Wéi bei engem Villchen, wanns du deen an en Käfeg aspärs, dann stierwt en. An dann gett et déi aner.”

 

Lücken im System

“Jo d’Offer vun Institutiounen, déi vum Staat finanzéiert ginn, ass net komplett. No 6 Auer owes ass den Répondeur unn. D’Hellef fir d’Leit awer muss direkt kommen. Jo, si maachen eng gutt Aarbecht, mee et ginn awer Lächer am System.”

“D’Leit kommen heinzdo mol net bis bei d’Stëmm vun der Strooss. De Moment kréien se do en Iessen an Barquetten an déi sollen se dann iesse goen, e bessen méi weit ewech, isoléiert. Jo et gett och do den Sëcherhetsofstand, deen muss respektéiert ginn.”

“Et ginn der, déi wëllen nët bis bei d’Stëmm vun der Strooss goen an aner, déi kënnen net, dann hëllefen elo munchmol Fräiwelleger. Dat hued e Moment gedauert, mee elo klappt dat. Vielleicht ass awer nach net jiddereen erfaasst.”

 

Eine Wohnung; jetzt ein Hotelzimmer als Übergang?

“Jo natirlech, si breichten en Haus, also eng Wunneng, en Daach iwwer dem Kapp. Et gett d’Wanteraktioun, déi gouf verlängert. Si bidden 250 Better unn, déi sinn anscheinend nett all beluecht. Et well nett jiddereen dohin goen. Déi hunn Regelen, keen Alkohol, keng Drogen an dat well net jiddereen. Och wann et owes nach kal ass. En Hotelzemmer? Welchen Proprietaire giff dat schon wëllen? Herno ass alles verdreckst. Et ass net einfach. Jo et wier besser, fir hier Gesondhet.”

 

Heroin für Multitoxikomanen

“Si jummen sech Dreck an den Aarm. Dat sinn déi aner. Toxikomanen sinn schlecht drun. Wéi denen kann gehollef ginn? Jo den Methadon-Programm geet weider. Och d’Wanteraktioun schaft do mat. Mee net jiddereen ass am Methadon-Programm. Déi spretzen sech richteg Gëftgemëscher. Dofir sinn se all krank.” “Du wells hellefen, dann kriss alles versprach an dann feelen si schon, bei dem nächsten Rendez-vous bei enger Institutioun, déi hinnen hëllefen kënnt. Du muss se bei der Hand huelen. Vielleicht klappt et an dann gëss du an denger Aarbecht bestätegt, mee oft klappt et net. Dann waren fir si déi 5 Minuten nom leschten Schoss méi wichteg. Mam Methadonprogramm gëtt awer och net jiddereen erfaasst. Wat dann maachen? Zumols déi déi elo keen Akommes hunn, déi sinn wierklech schlecht drunn.”

 

Respekt

“Ech muss dat awer soen. Och wann si sech net respektéieren, sou respektéieren si dach äis an äis Aarbecht. Mir hun Schutzmasken, an Händschen, mir halen ganz strikt Ofstand. Dach si respektéieren dat. Si wëssen jo ganz gutt, wat dat heescht krank ze sinn.”

 

Prostitution

“Natirlech géifen si elo op de Strech goen. Mee d’Clienten sinn net do. Sech unzestiechen, ass zweetrangeg fir Multitoxikomanen.”

“Hinnen Heroin einfach esou ginn? Keng Ahnung. Onkontrolléiert? Wann Sozialaarbechter dat giffen maachen, déi kennen hier Leit. Si wessen, wéi se drop sinn. Villeicht, ech weess nett?”

 

Unerreichbar?

“Et ginn Leit, un déi kenns du net erun. D’Leit denken: Ruppsak géi schaffen, mee déi hunn keng Ahnung. Op der Strooss do ginn déi psychesch Problemer éischter méi grouss.”

 

Krankenkasse für jedermann

“Et ginn Leit dei hinnen d’Krankenkeess bezuelen, déi maachen dat ouni datt een dat weess. Jo den Staat misst dat maachen. Et misst een mat deenen Verantwortlechen schwätzen, ech selwer weess och net, wat dat elo giff heeschen”

“An der Klinik gëtt jiddereen ugeholl, du kriiss net vir d’éischt deng Krankekeesskaard gefrod”.

 

Hilfe für wen?

“Menschen op der Strumm sollen en Ënnerdaach hunn an dann brauchen si eng onbürokratesch Hellef”.

 

Die Herausforderung der Strummerten

Die Unternehmen sollen jetzt ganz unbürokratisch Gelder erhalten, wie der Mittelstandsminister Lex Delles sagt. Ob man auch ganz unbürokratisch den Ärmsten der Armen zu helfen gedenkt? Die “Strummerten” rühren an zwei Säulen der bürgerlichen Gesellschaft: ein Eigenheim für die Kleinfamilie und Geld, für den der Geld hat. Diese Herausforderungen an den Sozialstaat haben ihren Bestand auch in der Corona Krise.

 

 

Interviews von Claude Simon 03/05/2020

Économie

08-Mai-2020 Par

To be or not to be – L’Europe à la croisée des chemins (2)

Le Fonds de résolution unique (FRU) a été créé après la crise financière de 2008 dans le cadre de l’Union bancaire pour éviter que les États membres ne doivent subvenir une nouvelle fois aux difficultés des banques privées et que la spéculation contre les dettes publiques soit dès lors intensifiée. Ce sont les banques qui l’alimentent et il faut dire qu’il est actuellement modeste : 33 milliards d’euros pour garantir les 35 000 milliards d’euros du total des bilans des banques européennes.

To be or not to be – L’Europe à la croisée des chemins (2)

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Le Fonds de résolution unique non implémenté au niveau du MES

 

Le Fonds de résolution unique (FRU) a été créé après la crise financière de 2008 dans le cadre de l’Union bancaire pour éviter que les États membres ne doivent subvenir une nouvelle fois aux difficultés des banques privées et que la spéculation contre les dettes publiques soit dès lors intensifiée. Ce sont les banques qui l’alimentent et il faut dire qu’il est actuellement modeste : 33 milliards d’euros pour garantir les 35 000 milliards d’euros du total des bilans des banques européennes.

 

Il était prévu que le MES pourrait se substituer au FRU si celui-ci ne suffisait pas, mais cet outil n’a pas encore été implémenté. Pour éviter qu’une nouvelle crise bancaire lèse une nouvelle fois les États membres et ne se répercute sur la qualité de leurs dettes publiques, il faudrait rapidement rendre opérationnelle cette réforme. Or elle n’est actuellement pas encore ratifiée par tous les États membres de la zone euro ; un seul État pourrait la bloquer.

 

 

L’action de la  BEI, une voie européenne ouverte dès à présent

 

La Banque européenne d’investissement (BEI) pourrait agir de deux manières:

 

  • d’une part relayer au niveau européen les facilités de trésorerie que les États accordent à leurs entreprises en difficultés via les banques publiques pour éviter qu’elles ne fassent faillite,
  • d’autre part augmenter ses prêts accordés aux PME.

 

La BEI pourrait lever l’argent nécessaire en émettant des obligations sur les marchés financiers. Cela reviendrait pratiquement au même que l’émission d’Eurobonds.

Encore faudrait-il que le capital de la BEI soit augmenté, s’il s’avère insuffisant, ce qui demanderait en revanche l’accord des pays récalcitrants à une solution européenne.

 

La BCE avec un rôle actuellement positif, mais limité par le traité de l’Union monétaire

 

Le 12 mars dernier, lors de l’annonce de la Banque Centrale Européenne (BCE) d’acheter jusqu’à la fin de l’année pour 120 milliards supplémentaires de dettes d’Etats et d’entreprises (en plus des 20 milliards injectés chaque mois), la présidente de la BCE a commis l’imprudence de répondre à un journaliste jugeant ce montant insuffisant, que « la BCE n’est pas là pour fermer les écarts de taux » (entre l’Italie et l’Allemagne notamment). Cela a provoqué une montée en flèche des taux d’emprunt de l’État italien et une menace d’implosion de la zone euro. Pour faire face, la BCE a décidé en urgence le 18 mars d’injecter encore 750 milliards d’euros supplémentaires dans l’économie européenne d’ici la fin de l’année. Ce qui portera à 1.110 milliards le montant des rachats d’obligations privées et publiques pendant l’année 2020, permettant aux États et aux entreprises de s’endetter massivement et à moindres frais pour faire face à la récession.

 

Tout ceci n’est pas nouveau. En effet, après  la crise financière de 2008, la BCE a racheté à tour de bras des titres d’emprunt des Etats de la zone euro pour en contenir la hausse des taux d’intérêt. Au 31 décembre 2019, 55% du total des actifs de la BCE, soit 250,4 milliards d’euros étaient des titres “détenus à des fins de politique monétaire”. La BCE a ainsi déjà monétisé et pris en charge une partie substantielle de la dette des États membres Au vu des 1110 milliards supplémentaires annoncés, ce montant va encore fortement s’accroître en 2020.

 

Ce n’est pourtant qu’à partir du moment où les autres États membres ont donné le feu vert au MES pour prêter à un État, que la Banque Centrale Européenne peut acheter de manière ciblée des titres de dette de cet Etat pour faire diminuer les taux d’intérêt demandés par les acheteurs éventuels. Cet outil des “Outright Monetary Transactions” n’est pas encore utilisé pour l’instant. Actuellement, la BCE ne peut acheter de la dette qu’en fonction de la part des États membres dans son capital. Ainsi elle doit par exemple acheter plus de dette allemande qu’italienne, ce qui est absurde, étant donné que ce sont surtout les États affaiblis qui ont besoin d’être secourus.

L’autre moyen majeur de la BCE pour renflouer l’économie en cas de crise est l’abaissement de ses taux directeurs, c’est-à dire la diminution des prix auxquels elle prête son argent aux banques, pour que celles-ci puissent à leur tour accorder des crédits à des taux plus faibles. Or les taux directeurs de la BCE sont déjà négatifs. Le 12 mars dernier, la BCE a encore abaissé ses taux directeurs jusqu’à -0,75 %, envoyant le message aux banques de prêter, de prêter et de prêter. Reste à savoir si les banques agiront dans ce sens ou si elles garderont cet argent pour couvrir leurs propres besoins.

 

On peut conclure que la BCE a bien du mal à protéger les États affaiblis et la zone euro dans son ensemble des marchés financiers, fixés sur la spéculation et les profits à court terme, et qu’elle est enfermée dans son carcan étroit défini par le traité de l’Union monétaire.
Quant aux États membres de la zone euro, ils n’ont aucune influence sur la BCE politiquement indépendante, à laquelle ils ont abandonné leur pouvoir de battre monnaie.

 

La Commission européenne qui ne sort pas des chemins battus

 

Le 2 avril dernier, la présidente de la Commission européenne (qui s’est aussi exprimée contre l’émission de “Coronabonds”), a proposé un paquet de 100 milliards d’euros pour financer le chômage partiel à l’échelle européenne. Madame von der Leyen est bien consciente qu’il faut une aide urgente, mais elle se garde bien de demander aux États nantis de mettre la main à la poche. En fait, ceux-ci ne devraient pas payer, mais simplement garantir chacun une partie de cette somme. La Commission pourrait alors sur cette base emprunter de l’argent sur les marchés financiers et accorder des crédits à faibles taux d’intérêts aux États qui en auraient besoin.  Cette proposition esquive donc elle aussi la solidarité européenne : si elle était acceptée, elle conduirait à un endettement supplémentaire des États affaiblis.

 

Guy Foetz 05/04/2020

Politique

23-Avr-2020 Par

Uberisation III. : Perspectives

Au Luxembourg, l’uberisation semble pour le centre radical un atout économique plutôt qu’un risque d’érosion sociale. Force est de constater, que nombreux sont ceux qui perçoivent l’uberisation comme une forme de prestation de service moins chère tout en se pensant soi-même sauves de cette transformation de la place, des conditions et des modes du travail. En plus, les travaux uberisés, comme par exemple les délivreurs de nourriture ou de paquets, sont souvent invisibles au Luxembourg parce qu’ils ne prennent en règle générale pas la forme de cyclistes en uniforme Deliveroo ou de camionnettes de livraison privés connue dans les autres capitales et régions du monde.

Uberisation III. : Perspectives

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Perspectives

 

Au Luxembourg, l’uberisation semble pour le centre radical un atout économique plutôt qu’un risque d’érosion sociale. Force est de constater, que nombreux sont ceux qui perçoivent l’uberisation comme une forme de prestation de service moins chère tout en se pensant soi-même sauves de cette transformation de la place, des conditions et des modes du travail. En plus, les travaux uberisés, comme par exemple les délivreurs de nourriture ou de paquets, sont souvent invisibles au Luxembourg parce qu’ils ne prennent en règle générale pas la forme de cyclistes en uniforme Deliveroo ou de camionnettes de livraison privés connue dans les autres capitales et régions du monde.

 

Comme le soulignent la juridiction européenne et les rapports commissionnés par le gouvernement luxembourgeois, un premier pas essentiel pour éviter les dégâts potentiels de l’uberisation est de créer une nomenclature légale précise et forte, qui prévient la création de faux indépendants ou le déguisement d’une entreprise traditionnelle en plateforme, par exemple dans le sillage de la promotion du télétravail. Le programme électoral de de déi Lénk de 2018 observait sur ce point qu’il faut :

 

« Contrecarrer la tentative de sortir les travailleurs de l’entreprise et du statut du salariat menant à des statuts d’auto-entrepreneuriat précaires, en imposant :

 

  • La protection par le droit du travail et la reconnaissance de la dépendance économique envers un employeur via la création d’un statut de « salarié autonome »

 

  • L’introduction d’un statut de « salarié externalisé », qui doit permettre d’intégrer au salariat les travailleurs et travailleuses des plateformes de tâches distribuées en ligne ;

 

  • L’affiliation de tous ces travailleurs comme salariés à la sécurité sociale. »

 

D’autres propositions dans ce sens sont :

 

  • Considérant les plateformes et ses différentes économies (sharing, gig, etc.) comme surtout un nouvel instrument et une nouvelle philosophie du management capitaliste, il faut renforcer une législation des modes et formes de pouvoir au sein des relations de production, notamment en ce qui concerne la division en temps, espaces et appareils professionnels et privés (par exemple : travailler sur un laptop professionnel ou privé ; interagir avec un numéro téléphonique professionnel accessible que 40 heures par semaine ou avec un numéro privé …) .

 

  • Il faut interdire les contrats « zero heure ».

 

  • Il faut assurer une taxation juste et stricte des plateformes, ainsi que le versement des cotisations sociales.

 

  • En vue d’une automatisation liée à la prolifération des plateformes et à leur renforcement du de-skilling des travailleurs, il faut protéger les métiers-surtout artisanales-et qualifications et garantir les droits et possibilités de la formation continue et du up-skilling.

 

  • Il faut dorénavant éviter les discriminations et transformations du marché de travail traditionnel qui poussent les travailleurs dans la sharing economy et fait souvent de l’uberisation soit un nécessaire complément à un travail sous-payé, soit même la seule forme de travail accessible.

 

  • Il faut garantir une rémunération au moins égale au SSM dans les secteurs dont l’uberisation est inévitable ou irréversible.

 

  • Il faut assurer le respect des droits syndicaux des uberisés.

 

  • En tant que parti de la classe ouvrière, déi Lénk doit aussi confronter les discours cherchant à dévaloriser et détruire les termes comme « travailleur », « classe » ou « salariat » au profit d’un prétendu idéal de l’individu ultra-autonome « indépendant » en quête permanente de toujours plus de succès financier, toujours plus de statut et de bonheur atomisé et personnel plutôt que collectif.

 

Les avocats de l’uberisation doivent être pris au sérieux. Les plateformes digitales ont changé et continuent de bouleverser les formes de productions, les relations sociales et économiques, et ils ne peuvent ni être supprimés, ni interdits. Le potentiel social d’une vraie économie de partage soustrait aux grandes institutions capitalistes et au marché est radical et important. Il faut donc s’assurer que les plateformes ne deviennent pas (ou plutôt : ne restent pas) eux-mêmes des marchés, des monopoles, des grandes institutions capitalistes. Prendre sérieux les avocats, c’est donc reconnaitre qu’il faut déclarer d’intérêt public et « inter »-nationaliser[i] les grandes plateformes ayant désormais acquis une importance (infra-)structurale (too big too fail ou simplement trop grand pour les laisser agir à leur gré). Pour les plateformes qui ne seront pas mis sous contrôle de législations et institutions internationales-européennes au minimum-fortes, il faut créer une instance nationale unifié du contrôle du travail, y inclus celui par/sur plateforme, comparable à l’Inspection du travail et des mines, qui procèdera à des contrôles et sur les plateformes (architecture, conditions d’utilisation, etc.) et sur le lieu de travail. Ce contrôle inclura nécessairement une supervision continue de la gestion des données crées par les plateformes et leurs applications en-delà de ceux indispensables au bon fonctionnement de son offre de biens et services. Pour cela, il faut bien rendre impossible tout revendication d’un droit au fonctionnement expressément opaque au nom d’un secret professionnel érigeant les droits du capital au-dessus de ceux des travailleurs[ii]: tout plateforme et tout autre constellation rendant possible l’uberisation et ses risques devra se conformer comme minimum absolu aux règles de transparence, de comptes et de contrôle imposés aux entreprises ordinaires. Elle devra être clair et responsable de son mode de fonctionnement, de créer des profits, de traitement et de la catégorisation de son personnel et de ses produits, afin de permettre un contrôle et une législation précise et juste.

 

GT Syndicats, Travail, Social 06/04/2020

 

 

[i] Nick Srincek. We need to nationalise Google, Facebook and Amazon. Here’s why. Guardian.co.uk, 30/08/2017. https://www.theguardian.com/commentisfree/2017/aug/30/nationalise-google-facebook-amazon-data-monopoly-platform-public-interest

[ii] Cf. Frank Pasquale. The Black Box Society. The Secret Algorithms that control Money and Information. Boston: Harvard UP, 2016.

Politique

23-Avr-2020 Par

Virale Überwachung

Die Ausrufung des nationalen Notstands hat in einigen die Angst vor dem überstarken Staat geweckt. Aber eine kurzfristig zu vereinfachter Gesetzgebung ermächtigte Exekutive unter der Kontrolle einer weiter voll funktionsfähigen Legislative stellt nur eine vorübergehende Ausnahme dar, was sich von anderen Maßnahmen zur Volkssicherheit nur bedingt erwarten lässt.

Virale Überwachung

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Die Ausrufung des nationalen Notstands hat in einigen die Angst vor dem überstarken Staat geweckt. Aber eine kurzfristig zu vereinfachter Gesetzgebung ermächtigte Exekutive unter der Kontrolle einer weiter voll funktionsfähigen Legislative stellt nur eine vorübergehende Ausnahme dar, was sich von anderen Maßnahmen zur Volkssicherheit nur bedingt erwarten lässt.

 

Corona-App

 

Da sind einerseits die offensichtlich grenzwertigen Maßnahmen zur Rückverfolgung möglicher Infektionswege. Wer wurde wann von wem infiziert und hat dies wohlmöglich wo an wen weitergegeben? Corona-Apps zur freiwilligen Nutzung versprechen zu speichern welche Menschen (oder genauer: Telefone) – ob Bekannte oder Wildfremde – sich in einem bestimmten Zeitraum in der Nähe (des Telefons) einer Nutzerin aufgehalten haben. Sollte einer dieser Kontakte sich dann als Corona-positiv entpuppen würde die App nachträglich über ein Infektionsrisiko informieren. Das deutsche Bundeswirtschaftsministerium unterstützt die Nutzung solcher Apps. Nach dem Aufschrei um die Übergabe von 46 Millionen Handynutzerdaten an das Robert Koch Institut, soll es in Deutschland aber (noch) keine Pläne geben die Nutzung der App zur Pflicht zu machen. In Österreich steht eine solche Pflicht zur Debatte. Die E.U. erwägt eine Rückverfolgung durch Geolokalisierung von Handys. In Israel hat die Regierung nicht gezögert und gleich den Geheimdienst Shin Beth beauftragt die Bevölkerung neben der Geolokalisierung auch mit anderen Instrumenten aus der Terrorismusbekämpfung zu überwachen. Nur der Widerstand des Parlaments verhinderte die Pläne des Verteidigungsministers, diese Überwachung durch die Zusammenarbeit mit einer für notorische Bürgerrechtsverletzungen bekannte Cyber-Spionagefirma (NSO Group) weiter zu verfeinern. Wer im Verdacht steht infiziert zu sein, wird in die Quarantäne beordert ohne Möglichkeit auf Einspruch, ganz gleich welche wirtschaftlichen oder sozialen Folgen ein Irrtum für die Betroffenen haben kann.

 

Lock-Down und Datenexplosion

 

Doch Geolokalisierung und Handyüberwachung oder die Durchsetzung des Lock-Downs anhand von Polizei-Drohnen oder Kameras mit und ohne Fähigkeit zur Gesichtserkennung sind nur die unmittelbarsten und am einfachsten zu verortenden Überwachungsmaßnahmen die der Kampf gegen das Corona-Virus stärkt. Weniger offensichtlich ist die Explosion von Daten die durch die Verstärkung bereits vor der Krise bestehender Verhaltensmuster angetrieben wird.

 

Da wäre zum Beispiel die Verlagerung fast des gesamten Berufs- und Soziallebens ins Internet. Wussten Anbieter von sozialen Medien, Suchmaschinen und Online-Shopping vorher sehr viel über ihre NutzerInnen, so wissen sie spätestens jetzt fast alles. Die Nutzung von Nachrichtenseiten auf Facebook hat sich unter Corona verdoppelt bis vervierfacht und der Messagingverkehr auf Facebook-Plattformen hat sich je nach Region zwischen 50% und 100% gesteigert. Gruppen-Videoanrufe auf Facebook sind um 70% gestiegen, und auch nicht-interaktive Angebote wie etwa Facebook Live steigen, weil neben Vorträgen etliche Sportkurse, DJ-Sets oder Isolations-Selbsthilfe-Angebote von Kochen bis zur Erstellung von Memes explodieren. Auch Amazons Geschäfte überschlagen sich: allein in den USA sollten mehr als 100.000 Mitarbeiterinnen eingestellt werden um die Nachfrage bewältigen zu können.

 

Google veröffentlicht sogar sogenannte Mobilitätsreports auf Grundlage der Trackingdaten von Nutzerinnen von Google-Diensten und Apps, die dazu dienen sollen beispielsweise den öffentlichen Transport an die Anforderungen einer zuhause bleibenden Gesellschaft anzupassen. ZOOM, eine Plattform für Videokonferenzen, wird seit Ausbruch der Krise um 535% mehr genutzt: viele Firmen, Organisationen und sogar Regierungen nutzen sie um Präsenzversammlungen zu ersetzen. Dabei hagelt es Kritik: von der Weitergabe von Nutzungsdaten an Facebook, über fehlende Verschlüsselung und das Auftauchen ungewollter (und oft rassistischer) TeilnehmerInnen bei ZOOM-Meetings (sogenanntes „zoom-bombing“), bis hin zur Fremdnutzung von Webcams und der Übernahme ganzer Computer.

 

Im Lock-Down generieren wir mehr Daten; Daten, die Geld und Macht bedeuten. Wer wird von wem wann wie kontaktiert? Wofür? Wie lange? Gibt es einen Zusammenhang zwischen der Nutzungsveränderung und der Reaktivität auf Anzeigen oder politische Mitteilungen in den sozialen Medien? Welche Art Toilettenpapier bevorzugt beispielsweise der Amazonkunde der bislang nur Philosophiebücher und Pornographie bestellt hat und zu welchen Uhrzeiten sollten wir ihn per Anzeigen und Rabatten zum Kaufe einer Präsidenten-Biographie verführen?

 

Ähnliche Fragen können auch die Banken in Luxemburg jetzt beantworten. Nicht nur weil viele Läden geschlossen sind und Onlinekäufe Kartenzahlungen erfordern und so nachverfolgt werden können. Sondern auch weil die noch geöffneten Geschäfte in großen Teilen ebenfalls wegen sanitärer Gründe auf Kartenzahlung bestehen. So sieht dann jetzt auch das Sparkassenkonto, wer lieber beim Supermarkt gegenüber sein Croissant kauft als beim unabhängigen Bäcker an der Ecke, was nicht nur zum gläsernen Kunden führt, sondern diesen Supermarkt bei der Kreditanfrage gegenüber dem Bäcker klar bevorteilt.

 

Post-COVID 19 Datendiät?

 

Wie viele dieser Veränderungen werden nach der Krise wieder rückgängig gemacht? Bleibt die Lautsprecherdurchsage der Polizeidrohne Alltag? Bleiben die Kameras (oder kommen sie wohlmöglich erst noch, wie in Luxemburg vorgesehen)? Verstetigt sich der Blick des Chefs ins eigene Wohnzimmer bei der Videokonferenz? Setzt sich der einfache Amazonkonsum endgültig durch, auch weil der Eckladen die Krise nicht überlebt hat? Wird der Daten-Striptease per Plastikkarte zur Pflicht? In manchen Ländern, etwa den Niederlanden, ist es schon länger mehr als schwierig bar zu zahlen. Das gefällt dem Staat, denn es macht Schwarzarbeit und Steuerhinterziehung ebenso schwieriger wie Kapitalflucht oder Schwarzmarkt. Es gefällt auch dem Chef – sofern er nicht nur Schwarzarbeiter beschäftigt – weil ihm so weder Gauner noch Angestellte aus der Kasse klauen können. Aber es schadet nicht nur der Privatsphäre.

 

« We must not sleepwalk into a permanent expanded surveillance state now, » warnt der stellvertretende Direktor der Technologieabteilung von Amnesty International, Rasha Abdul Rahim ebenso wie mehr als 100 weitere Bürgerrechtsgruppen. Auch weil viele nach dem 11.September oder dem 13.November als vorübergehend eingeführte Überwachungsmaßnahmen und Polizeigewalten nie wieder rückgängig gemacht wurden.  Dabei liegt die Gefahr heute wie damals nicht nur im autoritären Opportunismus der Viktor Orbáns dieser Welt, sondern auch bei der leidenschaftlichen Kollaboration weiter Teile der Bevölkerung in ihrer Selbstunterwerfung. Nach der Krise brauchen die Regierungen und wirtschaftlichen Profiteure der Krise eine Datendiät, die ihr durch eine disziplinierte Bevölkerung frei von falscher Angst oder Gemütlichkeit zu verordnen ist. Denn die Gefahr der totalen Überwachung geht nicht einfach von einem starken Staat aus, sondern von einem von jeder demokratischen Kontrolle befreiten Apparat ohne jeden Respekt für das Privatleben und andere Grundrechte, ganz gleich ob Staat oder Onlineplattform.

 

GT Nouvelles Technologies 14/04/2020

International

23-Avr-2020 Par

Niederlagen für Jeremy Corbyn und Bernie Sanders – Was nun?

Zwei Hoffnungsträger der sozialdemokratischen Erneuerung stehen vor dem vorläufigen aus. Jeremy Corbyn hat im Kontext des Brexits eine historische Parlamentswahl in England verloren und Bernie Sanders hat den zweiten Preis bei der Nominierung des US-Präsidentschaftskandidaten der Demokratischen Partei erhalten. In beiden Fällen kann man das nur als Rückschläge für diese Exponenten der institutionellen Linken bewerten. War diese Entwicklung also unvermeidbar und welche Lehren kann man daraus ziehen?

Niederlagen für Jeremy Corbyn und Bernie Sanders – Was nun?

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Zwei Hoffnungsträger der sozialdemokratischen Erneuerung stehen vor dem vorläufigen aus. Jeremy Corbyn hat im Kontext des Brexits eine historische Parlamentswahl in England verloren und Bernie Sanders hat den zweiten Preis bei der Nominierung des US-Präsidentschaftskandidaten der Demokratischen Partei erhalten. In beiden Fällen kann man das nur als Rückschläge für diese Exponenten der institutionellen Linken bewerten. War diese Entwicklung also unvermeidbar und welche Lehren kann man daraus ziehen?

 

Der Fall Jeremy Corbyn

 

Nach langen Jahren neoliberaler Chefs an der Spitze der Labour Party war die Wahl von Corbyn zum Parteivorsitzenden ein spektakulärer Durchbruch für die Linke in Großbritannien. Seine Prioritäten und Aussagen, weg von der Akzeptanz des Neoliberalismus, bestätigten den politischen Kurswechsel und beflügelten die kühnsten Hoffnungen. In den folgenden Monaten gewann Labour tausende neue und junge Mitglieder wodurch erneut sozialistische Forderungen und Lösungen zur Debatte kamen.

 

Allerdings wurde Corbin in der Folgezeit mit Problemen konfrontiert die so nicht im Fahrplan vorgesehen waren.

 

  • Das waren vor allem die tiefsitzende Ablehnung der E.U. als supranationales Staatsmodell in weiten Teilen der traditionellen Arbeiterklasse, in deren Augen die E.U. die Schuld am industriellen Niedergang Britanniens trug und ihren sozialen Abstieg zumindest nicht stoppen konnte. Dieses Potential wurde von der reaktionär/nationalistischen Rechten erschlossen.

 

  • Labour war in der Frage zur E.U. gespalten und Corbyn wollte dazu keine klare Antwort eines „linken Brexit“ entwickeln und durchsetzen. Dies hätte eine konsequente Weiterführung eines sozialistischen Programms und einer linken Kritik an der E.U. erfordert, denn ein „linker Brexit“ hätte tiefgreifende wirtschaftliche und gesellschaftliche Veränderungen im Königreich unausweichlich gemacht. Corbyn setzte im Gegenteil eher auf Reformen in den Beziehungen zur E.U. die er der Arbeiterklasse nicht glaubhaft vermitteln konnte.

 

  • Im Rahmen seiner Kompromisslinie, ausgerichtet auf den Erhalt der Einheit der Labour Party, versäumte Corbyn es die Dynamik der Anfangsjahre auszunutzen um die damals minoritäre alte Generation der rechten Parteibürokraten aus Tony Blairs Zeiten abwählen zu lassen. Er versuchte sie einzubinden anstatt sie durch neue Linke zu ersetzen. Als Dank dafür erntete Corbyn dann die gegen ihn inszenierte „Antisemitismus Kampagne“ der Parteirechten!

 

  • In der Labour Hochburg Schottland wird die Arbeiterpartei nun vermehrt mit der nationalistisch/separatistischen SNP konfrontiert die den Unzufriedenen eine nationale Unabhängigkeit als gesellschaftliche Alternative anbietet. Eine klare internationalistische Herangehensweise in dieser Problematik wurde ebenfalls verpasst.

 

Fazit: Die gegenüber der E.U. und dem Brexit unklare politische Linie und die Vermeidung einer Polarisierungen – u.a. des bewussten Anfachens realer sozialer Kämpfe und Streiks – haben die Wahlniederlage des institutionell ausgerichteten linken Gentlemans Corbyn bewirkt. Ironie der Geschichte: Gerade viele englische Ur-Proletarier verstanden ihn darum nicht und verweigerten dem politisch linksten Labour Führer seit 100 Jahren im entscheidenden Moment ihre Wahlstimme.

 

Der Fall Bernie Sanders

 

Die institutionelle Politik in den USA besteht aus zwei bürgerlichen prokapitalistischen Parteien, wobei die Demokratische Partei sich seit jeher als Sprachrohr für die Anliegen der Verlierer des Systems versteht. Anfang des 20ten Jahrhunderts gelang es der Bourgeoisie aufgrund der imperialen Expansion und der ethnischen Spaltung der Arbeiterklasse das Aufkommen von Arbeitermassenparteien wie in Europa zu verhindern. Die Krise der US Gesellschaft überträgt sich auf das 2-Parteien-System. Dieser Hintergrund erklärt die spektakuläre Resonanz des Senators aus Vermont, Bernie Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez und der DAS (Democratic Socialists of America), die sich die Themen soziale Gerechtigkeit und Chancengleichheit auf ihre Fahnen geschrieben haben.

 

Obwohl die programmatischen Forderungen der DSA aus europäischer Sicht betrachtet sehr bescheiden und elementar anmuten (wie z.B. ein bezahlbares Universitätsstudium, allgemeine Gesundheitsversicherungen usw.), gelten sie in den USA als sozialistisch. Man kann es Sanders als eindeutigen Verdienst anrechnen, dass er dazu beitrug den Konsens der Verteuflung sozialer und sozialistischer Forderungen aufzubrechen.

 

Das ändert allerdings nichts an dem Problem, dass die D.P. weiterhin eine bürgerliche Partei bleibt die von Millionären beherrscht und geführt wird. Sie tolerieren bewusst einen sozialen Flügel in ihren Reihen um die Bildung einer autonomen Arbeiterpartei zu verhindern und sie brauchen die Stimmen der Arbeiterklasse um gegen die Rechte eine Chance zu haben.

 

Das US Wahlsystem ist als Majorz-System mit indirekten Wahlmännern in unterschiedlicher Zahl je nach Bundesstaat wohl eines der ungerechtesten der Welt. Nicht umsonst konnte Trump mit 3 Millionen Stimmen weniger als Clinton die Präsidentschaft gewinnen. All diese Hürden erschweren die Etablierung einer Arbeiterpartei gegen das 2-Parteien-System. Letztendlich darf der soziale Widerstand in den USA dieses strategische Ziel aber nicht aus den Augen verlieren. Ohne die Existenz einer eigenständigen Arbeiterpartei, zumindest in den wichtigsten Bundesstaaten, werden die sozialistischen Kandidaten in der D.P. immer den Kürzeren ziehen und ihre Interessen auf der Strecke bleiben. Das enorme Prestige, das die Linke nun gewonnen hat muss dazu genutzt werden ihre eigenständigen Forderungen zu artikulieren und sich weiter aufzubauen, in Erwartung eines unausweichlichen „Bruchs“ dessen Zeitpunkt noch nicht feststeht.

 

                                                                                                                                                                                                                                                                      Alain Sertic   09/04/20    

 

Politique

23-Avr-2020 Par

L’étranger

C’est celle-ci la vie dans le secteur du bâtiment et de l’artisanat. Un secteur qui en 2018 était, selon la Chambre des Métiers, constitué 85% d’étrangers. Plus que la moitié de cette masse humaine habite au-delà des frontières du pays. C’est-à-dire que moins d’un sur 6 travailleurs de ce secteur a le droit de vote. Donc, le pouvoir d’influencer les choix des politiciens qui font les règles qu’ils sont obligés à suivre dans leur travail.

L’étranger

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Intro :

 

Ne me dis pas que tu ne me comprends pas
quand les jours tournent au vinaigre
ne me dis pas que tu ne t’es jamais senti
une force se développer sur tes doigts
et la colère monte entre tes dents
Ne me dis pas que tu ne me comprends pas

 

Il était fin avril 1971 quand Sérgio Godinho enregistrait son premier album. Exilé en France pour échapper à l’anachronique guerre coloniale que la dictature portugaise menait en Afrique, le chanteur portugais jouissait de la compagnie des milliers de portugais eux aussi rechapés du régime fasciste mené par Marcello Caetano, héritier de António Salazar.

 

Nous pourrions dire que la première chanson de ce disque était écrite pour le Luxembourg d’aujourd’hui. Elle démarre comme ça :

 

Je t’ai vu travailler la journée entière
en train de bâtir les villes pour les autres
ramasser des pierres, gaspillant
trop de force pour si peu d’argent
je t’ai vu travailler la journée entière
trop de force pour si peu d’argent

C’est celle-ci la vie dans le secteur du bâtiment et de l’artisanat. Un secteur qui en 2018 était, selon la Chambre des Métiers, constitué 85% d’étrangers. Plus que la moitié de cette masse humaine habite au-delà des frontières du pays. C’est-à-dire que moins d’un sur 6 travailleurs de ce secteur a le droit de vote. Donc, le pouvoir d’influencer les choix des politiciens qui font les règles qu’ils sont obligés à suivre dans leur travail.

 

Parmi ces règles il y a celle communiqué par M. le premier ministre dans sa conférence de presse conjointe avec la ministre de la santé du 14 avril. Avec la solennité demandée par le moment, le chef de gouvernement communique au pays  – dans sa langue native, comme il l’a fait depuis le début de cette crise : soigneusement et exclusivement dans sa langue native – que le secteur du bâtiment et de l’artisanat allait redémarrer l’activité dès lundi 20 avril.

 

Mais Sérgio continue :

 

Quelle force est celle-là
que t’as dans tes bras
qui ne te sert qu’à obéir
quelle force est celle-là, ami
que tu mets de bien avec les autres
et de mal avec toi-même

 

Des travailleurs du secteur, 34% sont des étrangers résidents et un peu plus qu’un sur deux, 51%, sont des frontaliers. La moitié de ces frontaliers réside en France, et l’autre moitié en Allemagne et en Belgique – un peu plus en Allemagne. Il est crédible de dire que 75% de ces travailleurs ne parlent pas la langue de Dicks et Rodange. Et même considérant cette réalité, le premier ministre n’a prononcé même pas un mot dans une langue compréhensible par ceux-ci, ces presque 70.000 travailleurs (chiffres 2018).

 

La situation de la pandémie du coronavirus chez nos voisins belges semble bien incontrôlable. La Belgique présente à ce moment une moyenne journalière sur les derniers 7 jours (8 à 14 avril) de 27.1 décès par million d’habitants liés au coronavirus. L’Italie et l’Espagne dans leurs pires moments enregistraient, respectivement, 13.6 (pour le 3 avril) et 18.5 (5 avril) – la Belgique a donc, en ce moment, pratiquement autant de décès par habitant que l’Espagne et l’Italie ensemble dans leurs pires moments.

 

Lors de la même conférence de presse du premier ministre, un journaliste du Tageblatt demandait s’il était prévu d’au moins mesurer la température des travailleurs avant le travail. Mme la ministre répondait qu’« il suffit qu’on prenne un paracétamol le matin pour une autre raison que ceci puisse donner des fausses indications ». Il serait, donc, suffisant qu’un travailler dissimule – même s’il ne le fait pas avec l’intention de tricher – ses symptômes pour rendre inefficace toute une stratégie. Cette stratégie de mesurer systématiquement la température continue pourtant d’être utilisé dans des pays de l’extrême orient qui semblent bien maitriser la situation. Les travailleurs ont peur, comme tout le monde. Ils sont obligés à se présenter au travail. Il n’y a pas de télétravail pour le bâtiment.

 

Ne me dis pas que tu ne me comprends pas
quand les jours tournent au vinaigre
ne me dis pas que tu ne t’es jamais senti
une force se développer sur tes doigts
et la colère monte entre tes dents
Ne me dis pas que tu ne me comprends pas

Nous obligeons des travailleurs avec des bas salaires à se présenter pour nourrir un business dont les prix de vente ont augmenté de 11% entre 2018 et 2019. Un « Guide de préconisations de sécurité sanitaire » qui fera sa parution bientôt détermine qu’un travailleur « qui vit dans le même foyer qu’une personne testée positive au Covid-19 doit se mettre en auto-quarantaine à domicile pendant 7 jours » sans donner des précisions sur la rémunération. Mais même si cette quarantaine serait considérée comme un arrêt maladie, il faudrait bien considérer la perte salariale en suivant et l’impact sur, voir la perte totale de, la prime de fin d’année. Aucun dépistage régulier de symptômes n’est prévu dans ce guide.

 

J’espère vraiment que cette décision, dont nous avons déjà compris qu’elle était prise un peu à l’aveugle – peut-être sous pression du secteur multimillionnaire de la construction – soit bien pondérée et non pas seulement une manière d’utiliser les étrangers comme cochons d’Inde pour des expérimentations de contamination.

 

Les Travailleurs du Luxembourg méritent plus.

 

Les Étrangers du Luxembourg méritent autant.

 

 

Mário LOBO 16/04/2020

(Membre élu du Conseil National pour Étrangers)

 

Politique

23-Avr-2020 Par

Coronavirus : quelques chiffres et interrogations (I)

Il y a trop peu de chiffres et de faits avérés. Ce qui doit nous inciter à une prudence particulière (principe de précaution). Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de faits du tout ou qu’il ne faille pas questionner les faits connus.

Coronavirus : quelques chiffres et interrogations (I)

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Il y a trop peu de chiffres et de faits avérés. Ce qui doit nous inciter à une prudence particulière (principe de précaution). Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de faits du tout ou qu’il ne faille pas questionner les faits connus.

 

Il y a d’abord les chiffres publiés quotidiennement sur le site du Gouvernement (Point de situation). Selon ces chiffres (au 21.4.2020) 34.962 tests auraient été effectués (sur des personnes symptomatiques munies d’un certificat médical) depuis le début et 3.618 personnes (10,3%) auraient été testées positives Covid19. Chez 89,7%, les symptômes auraient donc été provoqués par un autre virus ou par un simple refroidissement.

 

Bien-sûr ces chiffres ne tiennent pas compte de toutes les personnes qui ont attrapé le virus et qui n’ont eu aucun symptôme ou qui ne sont pas aller consulter.

 

C’est seulement en connaissant le chiffre global des personnes porteurs du virus qu’on peut juger de la létalité de ce virus (nombre de morts par rapports au nombre total d’infectés).

 

Les études en cours

 

Deux études particulièrement intéressantes sont attendues sous cet aspect :

  • une étude transversale sur 1500 personnes non symptomatiques résidant au Luxembourg tirées au hasard selon des critères d’âge et de sexe représentatives de la population luxembourgeoise. (étude CON-VINCE)

 

Selon le principe de sondage bien connu, ces chiffres, obtenus par des tests et des analyses sanguines, vont nous renseigner sur le nombre de porteurs sains approximatif dans la population et sur le nombre de personnes déjà immunisées du fait qu’ils avaient déjà attrapé le virus et en sont guéries. Ces personnes vont d’ailleurs être suivies au courant de l’année et d’autres échantillons sont prévus.

 

  • une étude sur l’intégralité des résidents des maisons de retraite et de soins et de leur personnel. (reportage Télé Lëtzebuerg).

 

Cette étude sur base de tests va nous permettre une appréciation du risque dans ces institutions qui sont le premier foyer d’infection potentielle dans le pays et nous renseigneront sur le nombre des infectés et sur les complications à attendre.

 

Une petite lumière a déjà été jetée lors du conseil communal de Sanem du 15 avril, à partir de la minute 12) sur la situation dans le CIPA de Belvaux: il y avait à ce moment 13 cas positifs parmi les résidents, tous quasiment asymptomatiques et 10 cas chez le personnel, tous asymptomatiques. Tous les résidents (120) et le personnel (150) avaient été testés. A noter que parmi les résidents testés positifs une personne décédait, mais pas des suites du coronavirus. Elle figure cependant dans les statistiques parmi les décès Covid-19.

 

D’après des informations récents, le chiffre de décès n’a heureusement pas évolué, contrairement au chiffre des infectés (actuellement 21) .

 

La politique du gouvernement

 

Comme tous les gouvernements européens, le gouvernement luxembourgeois a été pris de court. Il a commencé le 28 février à mettre en place une cellule interministérielle et a interdit le 11 mars comme première mesure coercitive les manifestations de plus de 1000 personnes, tout en mettant en place un congé familial pour parents dont les enfants étaient mis en quarantaine, suite aux premiers tests effectués. Ensuite les mesures se sont bousculées. 12 mars : suspension des cours des établissements scolaires, interdiction de toute manifestation intérieure de plus de 100 personnes (500 à l’extérieur), interdiction des deux premières rangées de bus aux passagers. 16 mars : interdictions de sortie, sauf exceptions, fermetures des activités commerciales et artisanales à public, maintien des activités essentielles. Toutes ces mesures ont encore été perfectionnées et précisées depuis.

 

Mais la réactivité du Gouvernement concernant les mesures de freinage général des activités humaines et de l’économie n’a pas été la même concernant les populations à risque. Ainsi ressort-il également du témoignage du directeur du CIPA Belvaux devant le conseil communal (voir en haut) que les premiers masques n’ont été livrés que le 21 mars (sans blouses de protection) et que les kits d’urgence (calmants en cas de pneumonie, heureusement pas nécessités encore) n’ont été livrés que le 23 mars. Quant aux lisières de protection, elles ont été fournies par initiative privée le 24 mars. Il n’est donc pas étonnant que les premiers cas positifs aient été signalés début avril !

 

Il est vrai qu’en même temps le gouvernement a fait un effort considérable, inimaginable encore il y a peu, pour étoffer le système hospitalier de lits d’urgence et d’appareils respiratoires (une décision absolument nécessaire puisqu’on ne savait pas à quoi s’attendre et que les prévisions catastrophistes de virologues et de statisticiens des pandémies se suivaient et répandirent une peur bleue parmi la population – et que surtout les exemples inquiétants italien et français, plus tard espagnol, étaient omniprésents.)

 

Néanmoins on peut reprocher à la Ministre de la Santé, en général louée pour sa compétence et son sens de l’organisation, sa politique de communication au compte-goutte, d’ailleurs critiquée par la presse pour son manque de transparence et d’accès aux informations.

 

Un manque de transparence

 

Ainsi les chiffres publiés sur la progression de la maladie Covid-19 laissent beaucoup de points dans l’ombre :

 

  • Parmi les 78 décès à ce jour, quels sont les décès attribuables au virus ? Et comme il s’agit du virus SARS-CoV-2 et que SARS veut dire : « severe accute respiratory syndrom » : combien de personnes sont décédées de pneumonie resp. de complications respiratoires ? Il s’agit moins de savoir combien de personnes décédées avaient encore d’autres maladies, puisque à l’âge médian de 85 ans est renseigné par la statistique, il serait étonnant que tel ne serait pas le cas. D’après d’autres informations (non publiées) environ la moitié des personnes seraient décédées du Covid19 et l’autre moitié aurait eu e.a. le virus. En admettant ces chiffres, la létalité par rapport au chiffre d’infections connues serait d’environ 1,1% (39 sur 3618) En admettant un chiffre double d’infectés réels, ce chiffre serait de 0,6% au maximum. Sur un nombre d’habitants de 626.000 le taux de mortalité dû directement au Covid19 serait dès lors de 0,006% en supposant que tous les décédés soient résidents. La mortalité générale n’augmente pas au Luxembourg. Mais pour d’autres pays, comme l’Italie, la France ou la Belgique, mais aussi les Pays-Bas, la Suède ou la Grande-Bretagne, ces taux ont augmenté de façon inquiétante par rapport à des épidémies de grippes précédentes, quelles que soient les politiques d’endiguement appliquées (statistiques de mortalité).

 

  • L’objectif de la politique gouvernementale ayant été de « flatten the curve », c.à.d. d’aplatir la courbe des infections nouvelles pour ne pas se trouver en manque de lits d’hôpitaux et surtout de lits d’urgence avec respirateurs, on peut constater que le pic hospitalier est derrière nous, 185 personnes étant actuellement hospitalisées dont 32 en soins intensifs, contre 670 départs des hôpitaux. Là encore, les chiffres manquent pour pouvoir évaluer la durée moyenne des hospitalisations, la gravité des cas, les séquelles vont rester, la médication utilisée (on sait qu’en dehors de l’étude européenne Discovery, certains médicaments antiviraux, comme le protocole du fameux Pr. Raoult de Marseille, sont utilisés, avec quel résultat (reportage RTL )? En additionnant les cas actuellement ou antérieurement hospitalisés on arrive quand-même au pourcentage de 24% d’hospitalisations en tout sur les 3618 cas d’infection constatés ce qui est beaucoup. Tout cela serait important de savoir pour évaluer la suite des événements et surtout les moyens pour faire face à la « seconde vague » tant crainte après les premières mesures de déconfinement.

 

Suite : prochain numéro de GOOSCH – en espérant avoir déjà quelques réponses aux questions posées.

 

Serge Urbany, ancien député 22/04/20

Divers

23-Avr-2020 Par

Demain

Demain tout est pareil. Demain est comme hier et avant-hier, comme la semaine passée et la prochaine. Mais qu’est-ce qui est pour l’autre demain ? Le demain futur, celui d’après. Après le virus, après la crise, après… Après : une notion de souvenirs passés en relation avec le désir de pouvoir vivre après comme avant. Mais est-ce cela que nous voulons ?

Demain

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Demain tout est pareil. Demain est comme hier et avant-hier, comme la semaine passée et la prochaine. Mais qu’est-ce qui est pour l’autre demain ? Le demain futur, celui d’après. Après le virus, après la crise, après… Après : une notion de souvenirs passés en relation avec le désir de pouvoir vivre après comme avant. Mais est-ce cela que nous voulons ?

 

Est-ce que cette crise pourrait être l’opportunité de pouvoir restructurer, remodeler notre société pour un futur adapté aux exigences du XXIème siècle ? Ou est-ce que nous voulons revivre chaque décennie une crise profonde qui nous témoigne de la fragilité du système capitaliste globalisé ? Tôt ou tard ce système s’effondra car ce type de capitalisme est si fragile que chaque crise nécessite une aide des Etats qui essaient de réanimer une personne trop fragile pour perdurer. Les Etats font comme avant jusqu’à la prochaine crise et entretemps ce sont les plus fragiles de la société qui en payent les conséquences. N’est-ce pas le temps, maintenant, de diminuer l’écart entre riches et pauvres. N’est-ce pas le temps, maintenant, de prendre au sérieux l’urgence climatique. Les Etats ont été très réactifs afin prendre les mesures adéquates pour protéger les citoyens et s’occupent très intensément afin de pouvoir relancer l’économie pour l’après. Pourquoi l’urgence climatique n’est-elle pas traitée de la même manière ? Elle aussi est une crise, un virus qui se propage, moins visible et aussi mortel. La capacité des Etats de changer une société est donnée. Cependant, la volonté est absente.

 

Cette crise planétaire du Covid-19 touche chaque individu mais pas de la même manière. L’écart entre les différentes couches sociales augmente et ne cessera pas d’augmenter avec cette crise. Au contraire, elle accéléra ce processus et c’est pour cette raison qu’il faut d’autant plus investir dans le système social. Les inégalités se feront sentir au niveau du logement, de l’éducation, du travail et de la santé. Il faut revaloriser les métiers qui contribuent au bon fonctionnement de la société en temps de crise. Que ce soit au niveau salarial ou au niveau d’équipement professionnel et de quantité de main d’œuvre, afin de garantir un état sain physique et psychique des personnes concernées. Il est beau d’applaudir pour les soignant·s·es mais ce n’est pas pour cette raison qu’ils·elles pourront mieux dormir le soir. A cela s’ajoute que la majorité de ces personnes sont du genre féminin ce qui remettrait à l’ordre du jour le débat de l’égalité salariale devant ses pendant masculin.

 

Après cette crise, nous aurons deux choix ; soit on change en mieux, soit on reste avec le status quo et la situation s’empirera toute seule. Le monde de demain sera la conséquence de nos choix d’aujourd’hui.

 

Fabio Da Re 22/04/2020

Politique

23-Avr-2020 Par

To be or not to be – L’Europe à la croisée des chemins 1.

Le Coronavirus frappe indistinctement tous les pays européens et une grave récession menace à la fin de la crise sanitaire. Malgré cela, on est loin d’une action collective européenne et d’une prise en charge mutuelle de la dette des pays déjà particulièrement éprouvés avant la pandémie. Le refus de l’Allemagne, des Pays-Bas, de l’Autriche et de la Finlande de lancer un emprunt commun à toute la zone euro , enfonce le clou et risque de faire éclater l’Union. Le présent article réfléchit sur les préceptes actuels de l’Union européenne, passe en revue ses moyens d’intervention financiers et plaide pour un revirement solidaire.

To be or not to be – L’Europe à la croisée des chemins 1.

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Le Coronavirus frappe indistinctement tous les pays européens et une grave récession menace à la fin de la crise sanitaire. Malgré cela, on est loin d’une action collective européenne et d’une prise en charge mutuelle de la dette des pays déjà particulièrement éprouvés avant la pandémie. Le refus de l’Allemagne, des Pays-Bas, de l’Autriche et de la Finlande de lancer un emprunt commun à toute la zone euro , enfonce le clou et risque de faire éclater l’Union. Le présent article réfléchit sur les préceptes actuels de l’Union européenne, passe en revue ses moyens d’intervention financiers et plaide pour un revirement solidaire.

 

Contrairement aux belles paroles qui aiment présenter l’Union européenne comme un phare de la Paix, de la dignité humaine et de l’État de droit, les traités européens respirent essentiellement une idéologie basée sur le profit individuel, la concurrence et la loi du plus fort. Ils ne laissent guère de répit aux pays et à leurs citoyen-ne-s qui sont dans le pétrin.
La façon dont la population grecque a été traitée récemment a été révélatrice à cet égard.

Rétrospectivement parlant, l’Acte unique européen de 1986, le Traité de l’Union économique et monétaire, signé à Maastricht de 1992 et le Traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance de 2012 ont fait de l’Union européenne le fer de lance du neolibéralisme, focalisé sur les marchés – financiers surtout – et de l’anéantissement des systèmes de solidarité nationale, sans y substituer une solidarité européenne.
Les éléments essentiels de cette construction ont été:

 

  • la privatisation et/ou la la subordination des services publics à des critères économiques,
  • l’instauration des “critères de convergence” de 3% de déficit budgétaire et de 60% de dette publique maximales par rapport au PIB, et
  • la mise en place d’une Banque centrale totalement indépendante, seule chargée d’émettre l’euro et de définir les grandes orientations de la politique monétaire.

 

Suite à la crise financière de 2008, la politique d’austérité déjà présente auparavant a encore été accentuée et les pays du Sud de l’Union marginalisés davantage encore. La Grèce, littéralement sacrifiée sur l’autel de l’intransigeance et de l’égoïsme dressé par l’Allemagne, devait servir d’exemple pour ceux qui oseraient méconnaître les règles du jeu du système de l’Union économique et monétaire. Le fait est que ce système est perçu comme défaillant par un nombre croissant de citoyennes et de citoyens et que l’idée européenne se trouve fondamentalement discréditée.

 

Le refus des “Coronabonds

 

Au moment où surgit la crise du Coronavirus, seize des 27 des pays de l’Union européenne dépassent les 60 % d’endettement par rapport au PIB et cinq d’entre eux se situent au-dessus de 100 %. L’ensemble de la dette publique des pays de la zone euro se situe actuellement à 10.400 milliards, soit 85% du PIB de la zone.

L’Italie, poids lourd économique, affichait fin janvier dernier 134 % de dettes par rapport au PIB. Début mars, ce pays devait payer 2,6 % d’intérêts de plus que l’Allemagne pour financer sa dette, ce qui correspond à un doublement de ce taux en un mois. L’Espagne se trouve dans une situation comparable.

Devant la grave récession qui s’annonce, l’Italie et l’Espagne ont demandé lors du sommet européen des 26 et 27 mars que l’Eurogroupe (l’instance des ministres des Finances des pays ayant adopté l’Euro) , “présente des propositions dans un délai de deux semaines (…) permettant de renforcer la réponse par de nouvelles actions”. Parmi ces “nouvelles actions”, le lancement d’un emprunt commun à toute la zone euro a été mis en avant par neuf dirigeants européens, dont le président du conseil italien, le président français et le premier ministre luxembourgeois. Cette proposition des “Coronabonds” s’est pourtant heurtée au refus abrupt de la chancelière allemande et des premier ministres néérlandais et finlandais, qui persistent à refuser la solidarité européenne. Ils continuent de miser sur des mesures strictement nationales et se contentent de signaler que depuis la réunion des ministres des Finances du 23 mars, il est permis aux Etats de l’Union de ne plus respecter, pour une durée indéterminée, le plafond des 3% de déficit public. Et ils ont réaffirmé leur “préférence pour le MES”, le Mécanisme européen de stabilité, qui fait figure de fonds de secours en cas de crise de la zone euro.

 

L’aide du Mécanisme Européen de Stabilité (MES), assortie de conditions sévères

 

Le MES a été mis en place en 2012 lors de la crise de l’euro pour pallier à l’interdiction (!) incluse dans le traité de Maastricht qu’un État membre aide un autre à rembourser ses dettes ou que la Banque Centrale Européenne achète des titres publics d’un Etat à l’émission. Le MES, qui a son siège à Luxembourg, est une organisation intergouvernementale, dotée à l’heure actuelle d’une capacité d’intervention de 410 milliards d’euros, soit 3,4 % du PIB de la zone euro. Le but est d’aider les pays qui n’arrivent plus à financer leur dette, à obtenir de l’argent sur les marchés financiers à des taux supportables. Mais puisque cette aide est soumise à des conditions sévères, à l’instar de la mise sous tutelle de la Grèce, peu de pays en font usage, ce qui fait que 80% de la capacité d’emprunt du MES ne sont pas utilisés actuellement. Pour exclure toute idée d’esprit solidaire, il a d’ailleurs été précisé dans le traité MES qu’aucun pays de l’Union, membre du MES, ne peut être tenu responsable d’obligations du MES.

Quant à la voie du fonds de secours, proposée à l’occasion du sommet européen du 26/27 mars et permettant d’octroyer une ligne de crédit de précaution à un ou plusieurs pays, voire à l’ensemble des pays de la zone euro, il s’agit là d’une possibilité, inutilisée jusqu’ici, d’accorder des crédits en urgence, toujours sous conditions exigées par le traité.

 

Guy Foetz 05/04/2020