11-03-2019
Diem25-Quel avenir pour un mouvement transnational au Luxembourg ?
Alors que les élections approchent, des questions se posent au Luxembourg et ailleurs sur l’avenir que peut avoir un mouvement comme Diem25, une fois le scrutin passé. La question mérite d’être posée, tant l’approche envisagée par Diem25 jure par rapport à celle envisagée par d’autres partis européens. En effet, si la plupart des partis envisagent la stratégie européenne comme un passage depuis une structure nationale vers une structure supranationale, Diem25 a choisi l’option inverse : Construire d’abord une structure européenne qui aura ses sous-groupes par la suite.
Le procédé peut surprendre, tant nous sommes peu habitués à procéder de cette façon, mais c’est justement cette innovation qui est au cœur de notre ADN politique. En effet, le niveau national est celui dans lequel les citoyens et citoyennes ont l’habitude de vivre, débattre et projeter leur action démocratique. Les cours d’histoire à l’école, l’habitude, et les discours des médias produisent même chez les plus internationaliste, une prison mentale du nationalisme, qu’il n’est pas aisé de briser.
Et pourtant tous les défis auquel notre époque nous confronte mettent en exergue la nécessité de sortir des limites de cette prison pour pouvoir franchir un palier dans l’émancipation humaine. Que l’on parle du changement climatique, du pouvoir hégémonique des multinationales ou de la nécessaire prise de pouvoir des citoyen.ne.s sur des instances comme l’Union européenne ou l’ONU, tout devrait nous pousser à briser cette prison qui aujourd’hui tue dans l’œuf tout espoir d’avoir des lendemains plus lumineux.
En 2017 est sorti un livre nommé « Les classes sociales en Europe » que tout militant.e progressiste se devrait de lire. S’appuyant sur les statistiques d’Eurostat publiées depuis 2012, il permettait le 1eraperçu global des dynamiques sociales sur notre continent. Une chose ressortait de manière particulièrement limpide : Les classes sociales supérieures sont infiniment plus homogènes transnationalement que les classes moyennes et populaires. Les premières parlent deux à trois langues en commun, possèdent les mêmes codes et capital culturel, et plus important encore forment l’essentiel de la classe politique et de la haute administration nationale et européenne. Il n’y a donc rien d’étonnant que dans cet entre soi homogène et réduit l’on soit bien plus à même de défendre ses intérêts que dans les autres couches de la société.
A la question « quel avenir pour un mouvement transnational comme Diem25 au Luxembourg ? » la réponse est donc que cet avenir est pertinent. La dynamique militante du mouvement climatique en 2018 puis 2019 montre de manière éclatante que les prochaines victoires du mouvement social en Europe, puis dans le monde se feront en transcendant les frontières. Chaque jour, chaque semaine et chaque mois qui passent sur ce sujet et sur d’autres sont à présents autant de comptes à rebours que nous devons avoir en tête, alors saisissons l’instant et plantons les graines transnationales pour le prochain printemps.
11-03-2019
Accord des Prespes : une bonne nouvelle pour l’Europe?
Les gouvernements de la Grèce et de l’ancienne République yougoslave de Macédoine se sont rencontrés, sur le bord du grand lac Prespa, sur le point frontière entre les deux États, pour signer un accord, par lequel ils mettent fin à une dispute qui avait éclaté depuis la déclaration, en 1991, de l’indépendance de cette république fédérée yougoslave.
L’enjeu, irrationnel et difficilement compréhensible pour les non-initiés, portait sur le nomde cet État issu de l’éclatement de la Yougoslavie. Une levée des boucliers du côté grec, dont les gouvernements, avec un soutien populaire vociférant, considéraient que la Grèce était titulaire d’une espèce de copyright© sur le nom ‘Macédoine’ depuis le temps d’Alexandre le Grand…
Côté grec, les gouvernements successifs des deux principaux partis, Néa Démokratia (PPE) et PaSoK (S & D), après s’être livrés à une surenchère au plus grand patriote, ont compris qu’il fallait débloquer la situation et trouver une solution de compromis : à savoir une dénomination composée avec une désignation géographique. Mais, pris eux-mêmes au piège de leur rhétorique nationaliste, ces deux partis n’ont jamais osé avancer une solution.
De l’autre côté de la frontière, et puisque les nationalismes s’alimentent mutuellement, le parti de droite nationaliste VMRO (également affilié au groupe PPE) a promu un culte de l’antiquité, se référant, lui aussi, à Alexandre le Grand…
Les deux nationalismes opposésconsidéraient, et considèrent toujours, tout compromis comme une ‘trahison’ : l’un soutenant que ce nouvel État n’avait aucun droit d’utiliser le mot ‘Macédoine’, l’autre, au contraire, n’acceptant aucun ajout à la dénomination ‘République de Macédoine’. Même principe, conclusions opposées…
Syriza, le parti principal de gauche grec, arrivé au gouvernement en 2015, avec Alexis Tsipras comme premier ministre, a hérité non seulement d’un pays dévasté par l’austérité et la corruption, mais aussi de cette guéguerre nationalisteavec l’ancienne République yougoslave de Macédoine.
Heureuse coïncidence, côté nord de la frontière, le VMRO a perdu le pouvoir sous le poids de la corruption. Le gouvernement social-démocrate de Zoran Zaev a souhaité une résolution du différend avec la Grèce.
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