Politique

30-Jan-2014 Par

Les remèdes de Papa Bettel

En janvier, dis ce qu'il te plaît! C'en est terminé des discours de réception de Nouvel an. Mais Goosch ne voulait pas manquer celui du Premier Ministre devant le patronat luxembourgeois, histoire de savoir ce qui se trame vraiment.

Les remèdes de Papa Bettel

 

Lorsque le Premier Ministre doit s’exprimer devant la Fedil (Fédération des Industriels Luxembourgeois), de quoi parle-t-il? De bouffe. Xavier Bettel a faim: faim de « changer » le pays, faim d’action politique. Le grand patronat lui aussi a faim: faim d’une baisse des cotisations sociales (qu’il préfère appeler « charges »), faim de plus de « flexibilité » des salariés, faim de marges bénéficiaires. Tout le monde a faim, donc.
On a donc appris, lors de la réception de Nouvel an de la Fedil, que la mère du nouveau premier ministre lui faisait ingurgiter quotidiennement de l’huile de foie de morue. Ce n’est pas bon, mais cela fait du bien. Paraît-il du moins. Il faut en tout cas l’espérer, car c’est le programme santé que Xavier Bettel préconise au pays. Nous allons tous boire de l’huile de foie de morue.

A table, les enfants!

Non content d’user dans son discours (prononcé en anglais à l’occasion de la présence du vice-premier ministre irlandais, il aurait pu faire un effort et le dire en gaélique, mais bon…) jusqu’à la corde des métaphores gastronomiques à vous en filer une indigestion, Xavier Bettel ressasse tous les poncifs de la vulgate néolibérale. Ce n’est pas original, mais cela a l’avantage d’être clair. Et pour bien souligner son propos, afin que l’on comprenne bien à quel point il est aux affaires, il va, tout au long de son discours comparer le pays à une famille, avec des rôles bien répartis: les parents, c’est le gouvernement et les enfants… les citoyens, pardi! Même Jean-Claude Juncker, patriarche en chef, n’aurait pas osé.
Restons dans l’enfance: il faut « dire la vérité aux enfants » et « cesser de jouer à cache-cache ». En effet, Monsieur le Premier ministre: nous aurions bien aimé que vous cessiez de jouer à cache-cache et nous disiez clairement quels sacrifices à l’huile de foie de morue vous nous préparez. Le patronat devait être assez frustré: ce lundi, il ne lui a pas révélé « which things we will have to give up ». Le « we » dans ce cas est purement rhétorique: les membres de la Fedil ont certainement compris qu’il ne s’adressait pas à eux.

Le courage de se battre pour les puissants

Bettel n’a pas peur d’être un père de famille que les enfants, dans leur naïveté, trouveraient injuste. Ils ne s’en rendent pas encore compte, mais c’est pour leur bien. Il prendra des mesures impopulaires. Le mot « impopulaire » est ambigu: d’une part, ces mesures ne seront pas appréciées par le peuple. D’autre part, ce sont aussi des mesures qui, justement, n’ont rien de populaires, qui donc n’émanent ni de lui, ni ne seront en sa faveur.
Et c’est normal: ce nouveau gouvernement s’engage à lutter contre le « gaspillage ». Pendant trop longtemps, les parents ont été bien trop généreux avec leurs enfants gâtés-pourris.
Mais il ne suffit pas de leur faire avaler régulièrement de l’huile de foie de morue et de cesser de leur acheter tous les jouets qu’ils désirent, il faut aussi, dans ce grand mouvement de vérité, leur faire comprendre que la vie, ça va être très, très dur: « We should stop telling our children that everybody can become everything ». En clair: tout le monde aura la place qu’il mérite. Ou plutôt: tout le monde aura la place que le marché lui proposera.

Quand Bettel fait du Sarkozy

La rhétorique bettelienne ressemble à s’y méprendre à celle de Sarkozy: on justifie et prépare une société plus inégalitaire en jouant sur un pseudo bon sens commun. Vous voyez, le genre de phrases qui, à première vue, sonnent bien, paraissent logique, mais qui, en fin de compte, sont particulièrement perverses. Exemple tiré du discours de Bettel: « on ne peut pas empêcher un jeune de devenir mécanicien sous prétexte qu’il ne maîtrise pas les règles du subjonctif en français ». C’est vrai que ce serait un peu con. Sauf que même si notre système d’éducation actuel n’est pas très efficace, il n’a jamais exigé ce genre de choses de la part d’un apprenti mécano (et franchement, à part les profs de français, qui connaît vraiment ces règles?).

Le pseudo bon sens commun

Dernier « truc » de papa Bettel: parlant toujours des jeunes (donc les enfants des enfants), le chef du gouvernement se montre néanmoins magnanime. Après avoir demandé à son peuple puéril des larmes et du sang, il se dit prêt à aider « ceux qui veulent vraiment s’en sortir ». Faites très attention à cette phrase, elle va revenir très souvent. Elle va même imprégner la politique d’emploi du gouvernement. Car si le chômage augmente régulièrement au Luxembourg (nous en sommes maintenant à 7,1 %), c’est probablement que le nombre de personnes ne désirant pas vraiment « s’en sortir » augmente lui aussi… Il faudra donc voire qui, parmi ces chômeurs inscrits, « veut vraiment s’en sortir »… ça promet!

Apprendre de l’Irlande… et mourir

Mais bon, il suffit de faire de gros sacrifices et tout ira mieux. Et tiens, quel aubaine, vu que le discours est prononcé en présence d’Eamon Gilmore, le vice-premier ministre irlandais, on peut tirer un joli parallèle. Car l’Irlande, comme tout le monde le sait, avait été durement touchée au début de la crise financière. Et c’est uniquement grâce à d’énormes sacrifices (des millions de litres d’huile de foie de morue) qu’elle va à nouveau mieux. Bon, évidemment, il n’aurait peut-être pas été très courtois de déclarer à un représentant d’un gouvernement étranger que sa politique est nulle, mais ce n’est pas une raison non plus pour raconter n’importe quoi. Comme vous pourrez le lire dans cet article, la cure irlandaise a un prix élevé: augmentation de la TVA à 23 % (tiens, tiens!), abaissement des allocations familiales (re-tiens, tiens!), division par deux des allocations de chômage et triplement des frais de scolarité… Et pourtant, la dette publique ne cesse d’augmenter. Apparemment, l’huile de foie de morue n’a pas convenu aux enfants irlandais. Problème: selon Xavier Bettel, « This, dear Eamon, is a very sweet conclusion for Ireland, for the European Union and for the global economy ».
Indeed Xavier, this is very sweet!

Politique

24-Jan-2014 Par

Rechnen… und kürzen

Familienzulagen: Wieso, weshalb, warum? Was steckt hinter dem wochenlangen Rechnen des Familienministeriums? Thérèse Gorza gibt uns einen Einblick.

Rechnen… und kürzen

 

Im europäischen Vergleich ist Luxemburg eines der Länder wo der Anteil der Familienzulagen an den Sozialleistungen am höchsten ist. 16,2% aller Sozialleistungen bestehen aus Familienzulagen (Kindergeld, Erziehungszulage, Kinderboni, Geburtszulagen, chèque-service…). Schon die vorherigen Regierungen hatten ihres getan, dies zu ändern zum Beispiel durch die Desindexierung des Kindergeldes oder indem sie das Kindergeld auf 18 Jahre beschränkten und die Studienbeihilfen reformierten, um so die alleinigen in Luxemburg ansässigen Studenten zu begünstigen, und die Kinder der ausländischen ArbeitnehmerInnen von den Zulagen auszuschliessen. Diese Reform wurde jedoch vom europäischen Gerichtshof gekippt, so dass Millionen Rückzahlungen ins Haus stehen.

Ein kleiner historischer Exkurs, der vielleicht einige Sichtweisen zurechtrücken wird: Die Familienzulagen wurden Anfang des 20. Jahrhunderts eingeführt. Sie sollten dem Arbeiter erlauben, seine Familie in der er der Alleinversorger war, über die Runden zu bringen und seine Ehefrau sollte sich darum kümmern, wenn möglich weitere gesunde Arbeiter großzuziehen, die die Ablösung garantierten. Ein kräftiger Schuss patriarchalische Weltsicht, die auch in den Gewerkschaften grassierte, tat Seines dazu. Frauen raus aus den Fabriken, und in ihre angestammte Rolle als Heimchen am Herd und als Kindererzieherin, dies war auch aus gewerkschaftlicher Sicht ein Fortschritt.

Frau zwischen Kinder und Küche

Das Bezahlen des Kindergeldes war Sache des Patronats, die ersten wurden in der Stahlindustrie in den Jahren 1916/17 ausbezahlt. Auch bei der Gründung der Nationalen Kasse für Familienzulagen waren die Arbeitgeber und die Selbstständigen die Geldgeber für das Kindergeld. Bis 1994 beschlossen wurde, dass der Staat die Kosten übernimmt.

Die neue Ministerin wird wohl kaum eine andere Richtung in Sachen Familienzulagen einschlagen als ihre Vorgängerinnen. Obwohl uns weisgemacht werden soll, dass die Gelder versiegen, wird die Rückkehr zur alten Finanzierungsmethode über Beträge der Betriebe nicht zur Debatte gestellt. Im Jahre 2012 hat der Staat diese Beiträge bezahlt und so dem Patronat 225,816 Millionen Euros geschenkt. Von der Wiederindexierung des Kindergeldes, wie sie die Gewerkschaften fordern, will die Ministerin auch nichts wissen. Neue Pisten werden angedacht, um die Ausgaben zu zügeln, nicht etwa aber um eine Verbesserung für die Familien zu erreichen.

In einer Studie der Generalinspektion der Sozialversicherungen werden diese Pisten erläutert. Eine Versteuerung der Zulagen würde 148 Millionen Euros bringen. Die Steuerlast für Familien mit Kindern würde um 11,6% steigen! Wenn auch noch der Kinderbonus versteuert wird, würde die Steuerlast um 15,4% steigen! Abgesehen davon, dass dann jeder Haushalt mit Kindern eine Steuererklärung machen müsste.

Kleiner Haushalt, hohe Kosten

Eine andere Piste, die Corinne Cahen angedacht hat, ist das Ausbezahlen eines einheitlichen Betrags für jedes Kind. Der Betrag für ein Kind liegt zurzeit bei 185 Euros monatlich, 220 Euros für das zweite Kind und bei 305 Euros für das fünfte Kind! Diese progressive Steigerung wurde eingeführt zur Zeit des Calot-Berichts, der behauptete die Luxemburger seien vom Aussterben bedroht! Die natalistische Politik hatte allerdings eine sehr geringe bis gar keine Wirkung. Bei einer einheitlichen Zahlung würde jetzt natürlich der geringste Betrag ausbezahlt werden, was dann eine Ersparnis von 125 Millionen Euros jährlich ausmachen würde.

Die Familienzulagen machen einen nicht unerheblichen Teil des Einkommens aus, besonders von Geringverdienern. Sie zu kürzen heißt für Familien mit Einkommen bis zu 2.500 Euros ein bedeutender Einkommensverlust.

In der Tat sollte man für jedes Kind Zulagen in gleicher Höhe bekommen, in einer Höhe, die sich an den realen Kosten der Ausgaben für das Kind orientiert, im Sinne einer Verbesserung der Chancengleichheit.

Des Weiteren sollten die Zulagen wieder indexiert werden, damit sie mit der allgemeinen Teuerung Schritt halten.
Finanzieren kann man dies über die Wiedereinführung der Beiträge für die Betriebe und deren Erhöhung. Dies kann zum Beispiel durch eine generelle Aufhebung der Beitragsdecke geschehen, die bei dem fünffachen Mindestlohn liegt, im Sinne der sozialen Gerechtigkeit. Denn der jährliche Bericht der IGSS belegt auch, dass die Beitragslast verhältnismäßig höher ist bei kleinen Einkommen als bei hohen Einkommen.

Politique

23-Jan-2014 Par

Intérêts notionnels: la dernière blague belge

On les appelle les intérêts notionnels. Comme ça, personne ne peut comprendre ce que ça veut dire. Sauf les financiers, qui vont s'en servir pour nous plumer davantage.

Intérêts notionnels: la dernière blague belge

 

 

Le renouveau politique annoncé par la coalition gambienne a rapidement montré ses limites sur le plan socio-économique : il ne sera donc pas question de faire payer la crise par ceux qui l’ont provoquée. La hausse de la TVA est même revenue à l’ordre du jour. Mais un point du programme est resté quelque peu dans l’ombre : les intérêts notionnels.

Quand on veut faire du renouveau, il faut trouver des idées originales. Alors pourquoi ne pas recycler celles des autres ? Rien de mal a priori. Le problème c’est d’emprunter la mesure fiscale la plus catastrophique jamais inventée par la Belgique, qui possède pourtant un certain « talent » en la matière.

De quoi s’agit-il ? Les intérêts notionnels ont été mis en place pour compenser la disparition des « centres de coordination » condamnés par l’Europe. Ce dispositif avait attiré une grande quantité de multinationales en Belgique, pour y ouvrir des centres de coordination qui leur permettaient de défiscaliser une bonne partie de leurs bénéfices. Les intérêts notionnels ont donc été mis au point pour les inciter à rester.

De quoi s’agit-il exactement ? Prenons une entreprise qui fait des investissements. Elle demande un prêt à sa banque pour les financer. Elle paye donc des intérêts sur cet emprunt. Elle peut ensuite déduire de ses revenus les intérêts versés à la banque. Si elle finance ses investissements sur fonds propres, elle ne peut pas déduire d’intérêts puisqu’elle n’en paye pas. Logique. Sauf que les intérêts notionnels permettent aux entreprises de déclarer les charges d’intérêts qu’elles auraient payés si elles avaient dû emprunter. D’où le terme « notionnel ».

Bilan désastreux

Les défenseurs de la mesure nous ont expliqué qu’il s’agissait d’encourager les entreprises à se financer sur fonds propres, surtout dans le contexte de crise financière qui rendait plus difficile l’accès au crédit. Soit. Toujours est-il que si l’on fait le bilan de cette mesure en Belgique, il est plutôt désastreux. Aucun emploi créé. Aucune richesse non plus. Par contre, des géants de l’industrie comme Mittal sont très contents d’avoir réussi à payer moins d’impôts qu’un seul de leurs ouvriers. Et les finances publiques ont perdu plusieurs milliards d’euro par an.

Il y a un peu plus d’un an, Bruno Colmant, le créateur des intérêts notionnels, faisait lui-même un bilan critique de la mesure, en avouant qu’elle avait fait l’objet de gros abus au travers de multinationales qui établissaient une filiale financière très fortement capitalisée en Belgique, sans rien apporter à l’économie nationale.

Depuis leur création, les intérêts notionnels ont été « adoucis » : leur taux a été réduit. Mais le principe reste le même : offrir des cadeaux fiscaux à ceux qui n’en ont pas besoin puisqu’ils ont les moyens d’investir sans emprunter. Pour les salariés et les indépendants, l’imposition est tout sauf « notionnelle » : pour déduire des frais professionnels, il faut qu’ils soient bien réels et dûment justifiés.

Fiscalité inversée

En recourant à cette mesure, le Luxembourg tenterait de bénéficier à son tour d’une niche fiscale totalement improductive. Au départ, l’impôt est fait pour redistribuer les revenus. Les plus gros revenus contribuent davantage au bien commun. Avec les intérêts notionnels, c’est le contraire. Ceux qui font le plus de bénéfices payent le moins.

Est-ce cela le renouveau promis ? Au lieu de développer une économie au service des besoins de la population et créatrice d’emplois nouveaux, on fait des cadeaux aux grands patrons ! Politiquement, le scénario est cousu de fil blanc : les socialistes voteront les intérêts notionnels les yeux fermés. Dans deux ans, ils pousseront des cris contre les dérives et les abus de cette mesure (anti)fiscale. Mais ils ne pourront pas dire qu’on ne les avait pas prévenus.

 

Politique

15-Jan-2014 Par

Le pouvoir d’achat est un salami

Pas facile de déchiffrer la politique sociale du nouveau gouvernement. Mais s'il reste tant dans le flou, ce n'est pas du tout bon signe.

Le pouvoir d’achat est un salami

 

 

 

Nous sommes en crise et il faut faire des économies. L’époque de l’arrosage à l’aveuglette est révolue. D’autant plus que nous Luxembourgeois et Luxembourgeoises, sommes les champions du monde des largesses sociales. Halte au gaspillage!

Ce genre de raisonnement n’est pas nouveau. Mais le nouveau gouvernement entend le mettre en musique concrètement. Deux idées s’entrechoquent: primo, celle qu’en temps de crise économique, il faut réduire les dépenses. Secundo, jouer sur la mauvaise conscience collective d’un gaspillage dont nous profiterions tous, mais qui doit avoir des limites.

Mais bon, tout n’est pas aussi facile.

Pour l’instant, il n’est pas encore très facile d’y voir clair dans les intentions de la coalition DP-LSAP-Gréng (allez, on arrête de l’appeler « Gambie », ce pays n’y est pour rien).
Pour l’instant, ils « calculent », ils « consultent ». Normal, direz-vous, la plupart des ministres sont nouveaux. Sauf que les administrations, elles, ne le sont pas. On va donc dire qu’ils doivent mettre un certains temps à faire passer des pilules antisociales. Et ça, ça ne s’improvise pas.

Le calcul des pilules amères

Une des rares chose qui vient d’être confirmée, c’est la hausse de la TVA, dont on sait qu’il s’agit d’un impôt injuste puisqu’il n’est pas progressif et que riche ou pauvre paie le montant. Pour un salaire de 2.000 euros, 50 euros valent plus que pour un salaire de 6.000 euros.

Aujourd’hui, nous apprenons par la voix du président du LSAP, Alex Bodry, que le taux d’imposition maximal (le fameux « Spëtzesteiersaz ») sera augmenté. C’est une nouvelle, car si ce point était bien présent dans le programme du LSAP, aussi bien le Premier ministre Xavier Bettel que la bourgmestre de la capitale et ancienne dirigeante du DP, Lydie Polfer, avaient assuré, en bons libéraux, que « l’impôt est du poison pour l’économie ».

Il se pourrait donc que les socialistes commencent à prendre conscience du caractère antisocial du gouvernement dans lequel ils se sont installés. Il fallait donc vite ramener un peu la barre à gauche. Cette mesure a-t-elle été discutée au sein de la coalition? Les socialistes font-ils pression sur le DP?

Le taux d’impôt maximal: la contrepartie?

Cette annonce tombe également à un moment où la ministre (libérale elle aussi) de la Famille, Corinne Cahen, commence elle aussi à dessiner des contours de sa politique sociale en matière de toutes sortes d’allocations. Difficile là aussi encore de dire avec exactitude jusqu’où le gouvernement veut aller. Ce matin encore, l’OGBL a publié un communiqué de presse conjoint avec le ministère suite à un premier échange de vues. Pour l’instant, la ministre ne cherche pas le conflit, se veut rassurante. L’OGBL ne semble pas trop alarmé mais reste sur ses gardes.

Toutefois, en matière d’allocations familiales, la ministre, comme on a pu l’entendre après les incessantes questions de Sascha Georges sur RTL (bonne interview, soit dit en passant!), tout indique qu’elles seront revues… à la baisse. La ministre a beau insister que l’on ne peut rien enlever à un enfant qui n’est « même pas encore en route » (puisque la nouvelle réglementation ne devrait entrer en vigueur qu’à partir du 1er janvier 2015), elle avoue donc que ce sera moins que s’il était né un an plus tôt.

Nous n’allons pas nous attarder dans cet article sur logique erronée qui impose de faire des économies en temps de crise, cela nous mènerait trop loin.

Si les socialistes réussissaient en effet à faire passer l’idée d’une augmentation du taux d’impôt maximal (encore faudrait-il savoir de combien), nous n’en sommes pas encore à plus de justice sociale. A quoi serviraient ces recettes supplémentaires? Prendre à celles et ceux qui ont plus (et il ne s’agit même pas encore des grandes sociétés qui réalisent d’énormes bénéfices), c’est très bien, mais à quoi bon si celles et ceux qui ont moins n’en profitent pas? La logique pourrait même être perverse: faire passer à la caisse ceux qui gagnent plus pour mieux justifier la mise à contribution des revenus plus modestes.

Prendre (un peu) aux riches pour mieux prendre aux pauvres

Mais il ne faut pas s’attendre du gouvernement qu’il fasse subir au pays au cure d’austérité brutale. Il passera « en douceur », mesurette après mesurette. Pour certains, l’augmentation de la TVA de deux points peut paraître supportable. Enfin, à mesure que vous gagnerez plus, vous la supporterez plus. Le gouvernement a beau être tout neuf, le ministre des Finances Pierre Gramegna n’est pas tombé de la dernière pluie. Ainsi, certains taux ne seront pas augmentés, comme le taux « super réduit », fixé à 3 %, et qui concerne notamment les biens à l’alimentation et les médicaments. L’augmentation de 2 % concernera donc le « taux réduit », qui passera de 6 à 8 % et qui concerne des biens tout aussi courants que l’électricité ou le chauffage, le coiffeur ou… les réparations de vélos (merci pour la mobilité douce). Finalement, le « taux médian » augmentera aussi, de 12 à 14 %: concernés sont des produits tels que les articles de ménage, mais aussi certaines boissons alcoolisées.

Ceci dit, il ne faudrait pas oublier un petit « détail »: une augmentation de la TVA, cela signifie une augmentation de l’inflation, puisque les prix augmenteront. Pas de problème, nous avons toujours l’index qui le compensera. Mais voilà, le nouvel index ne le compense plus complètement et d’autres manipulations sont à prévoir (ah, si seulement ce gouvernement était clair sur sa politique économique, il serait plus facile d’écrire cet article!).

Un peu + un peu + un peu, ça fait beaucoup

Il n’y a pas si longtemps, quelques mois auparavant, les tickets de bus ont été augmentés (passant à l’unité de 1,50 à 2 euros). Encore une petite augmentation. Certes, cette décision fut prise par le gouvernement précédent, mais rien n’indique que l’actuelle coalition n’aurait pas fait de même. Ces « légères » augmentations (transports publics, allocations familiales et autres aides, TVA, manipulation de l’index…), ne font que s’accumuler et contribuent à l’appauvrissement réel et graduel de la population, ainsi que de la baisse du pouvoir d’achat. Une accumulation d’impacts sur le pouvoir d’achat dont vous pourrez être certains que vous les ressentirez. Et encore, nous ne connaissons pas tout.

Politique

08-Jan-2014 Par

Merci M. Monti!

Il suffit parfois d'écouter nos adversaires pour savoir ce qui se trame dans leur tête. Mario Monti, "Il Liquidatore", nous explique comment s'y prendre pour détruire les droits sociaux.

Merci M. Monti!

 

Parfois l’adversaire de classe dévoile ses intentions d’une manière tellement claire qu’il nous aide. C’est le cas de Mario Monti, qui se rend ainsi pour une fois utile. Nous, la gauche européenne, avons beaucoup argumenté et mobilisé contre l’austérité, à juste titre. Mais la politique des instances dirigeantes de l’Union européenne et des gouvernements nationaux ne s’est jamais réduite à cela. L’austérité a toujours été liée à des réformes structurelles. Et ce sont ces dernières qui sont les plus importantes, comme le souligne Monti. Car les coupes budgétaires et les réductions de salaires et de pensions ne sont que la première étape. Les réformes structurelles, dont l’objectif est rien de moins que le démantèlement de l’Etat social, sont beaucoup plus fondamentales. C’est ce que souligne Monti dans un article du Financial Times. Au passage il montre bien le rapport entre l’Europe et le national. Voici ce qu’il écrit :

« L’Europe fournit moins d’aide sur la tâche la plus importante : les réformes structurelles. L’Union monétaire européenne a mis l’accent sur la réalisation de la discipline budgétaire. En fin de compte, il s’agit d’une règle simple : si vous rencontrez une plus forte opposition à des réformes structurelles au niveau national, et si vous recevez  moins de soutien de l’Europe sur ce point que sur la consolidation budgétaire, il est probable que vous ferez moins de progrès sur les réformes structurelles. C’est pourquoi je me félicite de la récente réorientation de la politique européenne – non pas en s’écartant de la discipline budgétaire, mais en mettant l’accent sur des recommandations concernant des réformes structurelles adaptées à la situation de chaque pays, par exemple pour rendre les marchés du travail plus flexibles. Quand j’étais membre du Conseil européen, je défendais l’idée que la voie à suivre était celle d’arrangements contractuels entre la Commission et chaque pays sur des réformes spécifiques. Cela renforce l’influence de l’UE sur les gouvernements et renforce la main de chaque gouvernement par rapport à des groupes organisés au niveau national, tout cela dans l’intérêt de la réalisation de réformes structurelles. Couplé avec des mécanismes pour faciliter le financement des réformes dans les pays qui sont encore confrontés à des coûts de crédit élevés, mais qui poursuivent les politiques recommandées par l’UE, ces arrangements peuvent aider à pousser l’Europe vers de nouvelles réformes pour promouvoir la croissance et l’emploi. Le Conseil européen des 19-20 décembre, je l’espère, approuvera cela ».

Le petit manuel du casseur

C‘est assez clair mais il n’est pas inutile de mettre les points sur les « i ». Pour « discipline budgétaire », lire austérité. Pour « rendre les marchés du travail plus flexibles », lire détruire toute la législation de défense des salariés, limitations du temps de travail ou des conventions collectives et bien plus encore. Monti a mis l’accent sur le marché du travail. Il aurait aussi bien pu parler de réformes des retraites dont le but ultime est l’introduction de pensions privées. Il aurait également pu évoquer la privatisation de la santé, voire encore la soumission de l’enseignement aux besoins des entreprises.

Surtout, soulignons la façon dont il met l’accent sur le rôle de l’UE. Chaque gouvernement national est obligé de prendre en compte les rapports de classes dans son pays, c’est-à-dire la force de l’opposition à ses projets. Le rôle de l’UE est de mettre son poids dans la balance pour peser sur ces rapports de forces, pour renforcer le gouvernement et le patronat dans un pays donné. Les grandes décisions sont prises par le Conseil européen, qui rassemble les chefs d’Etat et de gouvernement et sont exécutées par la Commission européenne – même si dans les faits, la distinction n’est pas toujours aussi claire. Au-delà des conflits qui peuvent surgir entre eux, ces gens-là font preuve d’une vraie solidarité de classe. C’est d’ailleurs ce que la gauche et le mouvement populaire doivent faire. C’est le sens de l’orientation du Parti de la gauche européenne pour construire un front politique et social au niveau européen.

En ce qui concerne les « arrangements contractuels », les vœux de Monti n’ont pas été exaucés au dernier Conseil européen. La proposition a été défendue avec beaucoup d’opiniâtreté par Angela Merkel mais elle a rencontré de la part de plusieurs gouvernements semble-t-il, de fortes résistances à des limitations supplémentaires de leur souveraineté. Elle  n’a pourtant pas été abandonnée, mais renvoyée au mois d’octobre 2014, bien après les élections européennes. Rien n’indique pourtant que Merkel renonce à son projet.

Politique

12-Déc-2013 Par

Linke Politik in einer nichtrevolutionären Situation

Von Marx bis Gramsci: Jean-Laurent Redondo gibt seine Einschätzung zur Umwälzung der herrschenden Verhältnissen in einer nichtrevolutionären Zeit.

Linke Politik in einer nichtrevolutionären Situation

 

 

 

Die Einsicht, dass wir uns gegenwärtig in Luxemburg und Europa weder in einer revolutionären noch in einer vorrevolutionären Situation befinden, dürfte auf allgemeine Zustimmung stoßen. Eine Revolution ist nicht in Sicht, abgesehen von einer innerkapitalistischen Revolution in Form von dynamischen technologischen Innovationen und Organisierung einer breiten gesellschaftlichen Zustimmung zur Vorherrschaft des Kapitals bis weit in die subalternen Klassen und Schichten hinein. Für eine solche Konstellation hat Antonio Gramsci den Begriff der « passiven Revolution » geprägt.
Auch wenn die linke Partei déi Lénk bei den Wahlen vom letzten 20. Oktober ihre Vertretung im Luxemburger Parlament erfreulicherweise von einem auf zwei Abgeordnete ausbauen konnte, wurden zu über 90% bürgerliche Parteien gewählt respektiv solche, die zum gegenwärtigen Zeitpunkt das kapitalistische System nicht in Frage stellen. Die zwei antikapitalistischen Parteien déi Lénk und KPL erhielten zusammen nur etwa 6,6% der Wählerstimmen. Dieses Resultat verdeutlicht anschaulich die große Integrationsfähigkeit der herrschenden Gesellschafts- und Wirtschaftsordnung.
Mit der neuen Mitte-links-Koalition, die jetzt antritt Luxemburg zu regieren, dürfte der heimische Kapitalismus seine Innovationsfähigkeit wieder einmal unter Beweis stellen. Fortschrittliche gesellschaftliche Reformen und eine Modernisierung der Institutionen des Luxemburger Staates sind zu erwarten. Gleichzeitig aber besteht das Risiko einer weiteren Verschiebung des Kräfteverhältnisses zwischen Kapital und Arbeit zugunsten Ersterem und einer weiteren Umverteilung des produzierten Reichtums von unten nach oben.
Eine realistische Einschätzung des Kapitalismus
Modernisierungsschübe hat es in der Geschichte des Kapitalismus immer wieder gegeben. Nach der Sequenz der bürgerlich-demokratischen Revolutionen von 1848/1849 und nach der großen Wirtschaftskrise von 1857 folgte eine Epoche, in der der Kapitalismus sich stabil und dynamisch zum Imperialismus weiterentwickelte. Im Jahr 1859 stellte Karl Marx in seiner Schrift « Zur Kritik der politischen Ökonomie » fest: « Eine Gesellschaftsformation geht nie unter, bevor alle Produktivkräfte entwickelt sind, für die sie weit genug ist, und neue höhere Produktionsverhältnisse treten nie an die Stelle, bevor die materiellen Existenzbedingungen derselben im Schoß der alten Gesellschaft selbst ausgebrütet worden sind. Daher stellt sich die Menschheit immer nur Aufgaben, die sie lösen kann, denn genauer betrachtet wird sich stets finden, daß die Aufgabe selbst nur entspringt, wo die materiellen Bedingungen ihrer Lösung schon vorhanden oder wenigstens im Prozeß ihres Werdens begriffen sind. »*
In der Vergangenheit haben Arbeiterparteien des Öfteren dieser Erkenntnis von Karl Marx nicht genügend Rechnung getragen. Im Geflecht der mannigfaltigen Ursachen dürfte hier eine angesiedelt sein, die eine Erklärung liefert sowohl für das Scheitern bisheriger Versuche über den Kapitalismus hinaus in eine sozialistische Zukunft zu gelangen, wie auch für die immer wieder in der Arbeiterbewegung entstehenden Illusionen den Himmel kurzfristig erstürmen zu können.
Schon Marx und Engels mussten sich in der Internationalen Arbeiterassoziation fortwährend mit Mitstreitern auseinandersetzen, die in einer nichtrevolutionären Situation eine Revolution durchführen wollten. Revolutionäre Ungeduld hat die Arbeiterbewegung seit Beginn begleitet. Mit großer Wahrscheinlichkeit wird dem in Zukunft auch so sein!
Wann in Europa eine Epoche revolutionärer Umbrüche eintreten wird, kann man nicht voraussagen. Dass dies stattfinden wird, davon muss man allerdings ausgehen! Die in immer kürzeren Zeitabständen auftretenden Krisen des Kapitalismus deuten in diese Richtung. Jedoch müssen die Menschen, die heute lebenden sowie die zukünftigen Generationen lernen, dass die kleinste Messeinheit der Geschichte der Gesellschaftsformationen mindestens ein ganzes Jahrzehnt umfasst. Dieser Lernprozess ermöglicht es die gesellschaftlichen Entwicklungen, die im Leben eines Menschen stattfinden können, richtig einzuschätzen.
Linke Politik in der Gegenwart
Solche realistischen Einschätzungen stehen nicht im Widerspruch zu den großen Gestaltungsmöglichkeiten, die sich im Hier und Heute für linke Politik eröffnen! Kurzfristig stellt sich den europäischen radikal-linken Parteien die Aufgabe, den in harten sozialen Auseinandersetzungen erreichten Kompromiss zwischen Bourgeoisie und Arbeiterklasse gegen alle neoliberalen Angriffe erfolgreich zu verteidigen und auszubauen. Das allein ist schon, gemessen an einem Menschenleben, eine riesige Aufgabe!
Viele « Schützengräben » – Antonio Gramsci sprach vom « Stellungskrieg » in Bezug auf die Form des Klassenkampfes im modernen Kapitalismus mit seiner entwickelten Zivilgesellschaft – sind zu verteidigen, respektiv einzunehmen. Um einige zu nennen: Sicherung des Friedens gegen jeden imperialistischen Krieg; Bewahrung der natürlichen Umwelt gegen das ungezügelte Profitstreben; Verteidigung und Weiterentwicklung des demokratischen Rechtsstaates in Richtung einer immer größeren Integration der subalternen Klassen und Schichten sowie aller gesellschaftlichen Minderheiten; Verteidigung und Ausbau des Sozialstaates durch eine offensive Umverteilungspolitik von oben nach unten; Erkämpfung neuer demokratischer Rechte für die Belegschaften in den Betrieben; absolute Gleichstellung der Frauen gegen alle Überbleibsel patriarchaler Gesellschafts- und Denkstrukturen; kompromisslose ideologische und kulturelle Auseinandersetzung mit fremdenfeindlichen und rassistischen Denkmustern, gegen die auch die subalternen Klassen und Schichten nicht immun sind; Ablehnung des europäischen Vertragswerkes in seiner heutigen Form und Neugründung der Europäischen Union als Antwort auf die Instrumentalisierung des europäischen Einigungsprozesses durch die herrschenden bürgerlichen Eliten zur Durchsetzung einer marktradikalen, auf Profitmaximierung und Renditesteigerung ausgerichteten Politik.
Und dann bliebe noch eine fundamental wichtige Aufgabe: das aufklärerische Wirken in der Gesellschaft zur Steigerung des politischen Bewusstseins der modernen Arbeiterklasse in Vorbereitung eines nächsten Anlaufs zur Überwindung des Kapitalismus und Errichtung einer sozialistischen Gesellschaft, in der – soweit voraussehbar – die Prädominanz vielfältiger Formen von kollektivem Eigentum an den Produktionsmitteln, ökologische Planung und dezentralisierte politische Entscheidungen ineinandergreifen werden. Je schneller dieses aufklärerische Wirken Früchte tragen wird, desto erfolgreicher kann ein Abgleiten der menschlichen Zivilisation in moderne Formen der Barbarei verhindert werden!

* Karl Marx: Zur Kritik der politischen Ökonomie (1859), Vorwort, in: MEW 13, S. 9

Politique

06-Déc-2013 Par

Prostitution – Legalisieren oder verbieten?

Zeitgleich findet in unseren Nachbarstaaten Frankreich und Deutschland eine heftige Debatte um die Prostitution. Doch den Prostituierten selbst verwehrt man das Mitspracherecht.

Prostitution – Legalisieren oder verbieten?

 

 

 

Dieses Dilemma findet man in den meisten kontroversen Diskussionen um die Prostitution wieder. Neu entfacht ist die Debatte in Deutschland mit einer Kampagne von Emma und einem « Appel gegen die Prostitution ». In Frankreich ist das « schwedische Modell » als Gesetzesänderung in der Diskussion. In Luxemburg fordert der nationale Frauenrat ein Gesetz nach dem schwedischen Modell.
Alice Schwarzer will dieProstitution verbieten, weil es sich um Sklaverei handelt. Sie vergleicht sie auch gerne mit Pädophilie: « … Deutschland …  toleriert, ja fördert diese moderne Sklaverei (international « White slavery » genannt). Die Reform des Prostitutionsgesetzes 2002, die angeblich den geschätzt 700.000 Frauen (Mittelwert) in der Prostitution nutzen sollte, trägt die Handschrift der Frauenhändler und ihrer LobbyistInnen. Seither ist Deutschland zu Europas Drehscheibe für Frauenhandel und zum Paradies der Sextouristen aus den Nachbarländern geworden. Ein deutscher Sonderweg. Selbst die Niederlande rudern zurück. Die skandinavischen Länder haben schon vor Jahren die Ächtung und Bestrafung der Freier eingeführt. Und Frankreich und Irland sind im Begriff, es ihnen nachzutun. »

Das deutsche Gesetz hat die Prostitution als sexuelle Dienstleistungen als Erwerbsarbeit 2002 legalisiert, wodurch Verträge zwischen Sexarbeiterinnen und ihren Kunden Rechtsgültigkeit erhielten. Durch die Möglichkeit einer sozial versicherten Beschäftigung sollten die Frauen sozial integriert werden. Das hat dann auch dazu geführt, dass in Bordellen ausbeuterische « Flatrates » eingeführt wurden, die die große Koalition jetzt verbieten will. Das Gesetz jedoch als Machenschaft von Frauenhändlern zu erklären geht sehr weit und spricht außerdem den Frauen, die sich prostituieren jede eigenständige Meinung ab, da sie, wenn sie ihre Arbeitsbedingungen verbessern wollen ja doch nur für ihre Zuhälter sprechen!

De fakto Illegalität
In Schweden wiederum formuliert das Gesetz von 1999 eine Maßnahme gegen Gewalt an Frauen. Es sieht vor, dass nur die Freier – mit einer Geld- oder Freiheitsstrafe von einem Jahr – sanktioniert werden, nicht jedoch die Frauen. Dennoch treibe das Gesetz die Prostituierten de fakto in die Illegalität. Verschärfung finde dieser Umstand darin, dass auch das Vermieten oder zur Verfügung stellen von Räumen zur Prostitution verboten wurde, und die Einnahmen der Sexarbeiterinnen zwar steuerpflichtig wurden, aber weiterhin als « unehrenhaft » gelten.

Der auf die Initiative von Emma folgende « Appel für die Prostitution » des « Berufsverbandes sexuelle und erotische Dienstleistungen » ließ nicht lange auf sich warten. « Prostitution ist keine Sklaverei. Prostitution ist eine berufliche Tätigkeit, bei der sexuelle Dienstleistungen gegen Entgelt angeboten werden. Ein solches Geschäft beruht auf Freiwilligkeit. Gibt es keine Einwilligung zu sexuellen Handlungen, so handelt es sich nicht um Prostitution. Denn Sex gegen den Willen der Beteiligten ist Vergewaltigung. Das ist auch dann ein Straftatbestand, wenn dabei Geld den Besitzer wechselt. »
Die « Gegenpetition » stellt konkrete Forderungen: Beteiligung von SexarbeiterInnen an politischen Prozessen, keine Ausweitung der Polizeibefugnisse, keine staatliche Überwachung oder Einschränkung der bürgerlichen Freiheiten, keine Kriminalisierung der KundInnen, Aufklärung statt Verbote, zum Beispiel in Form von geförderten Weiterbildungsmaßnahmen für SexarbeiterInnen, Kampagnen gegen Stigmatisierung von Prostituierten sowie Bleiberechten und umfassender Unterstützung für Betroffene von Menschenhandel.

Noch ein Knackpunkt in den Diskussionen. Für Emma und Co gibt es keine « freiwillige » Prostitution. Das ist alles eine Chimäre. Frauenhandel, Drogenprostitution, Straßenstrich, freiwillige Prostitution, alles dasselbe. Es ist also falsch, laut Emma, einen Unterschied zu machen zwischen Zwangsprostitution und der Prostitution, denen Frauen nachgehen, die dies als Beruf sehen und damit ihr Auskommen haben, ohne Zuhälter … Das « System Prostitution » gehört abgeschafft!

« Ungefragt über ihre Köpfe zu bestimmen und ein Verbot zu verhängen, das ist zutiefst unfeministisch. »
Geld spielt natürlich eine große Rolle in der Diskussion. Sich für « sexuelle Dienstleistungen » bezahlen zu lassen ist für manche Frauen lukrativer als ein Job in der Kasse des Supermarktes, oder in einem anderen Beruf, wo außerdem auch sexuelle Übergriffe auf der Tagesordnung stehen. Die Diskussion um die Prostitution muss die Diskussion um die allgemeine Lage der Frauen in der Arbeitswelt mit in Betracht ziehen. Frauen sind in schlecht bezahlten Berufssparten und in den unteren Rängen der Arbeitshierarchien zu finden. Wenn eine Frau Karriere macht, wird hinter der Hand gemunkelt, sie hat sich « hochgeschlafen ». Frauen sind es, die mehrheitlich sexuelle Belästigung am Arbeitsplatz erfahren bis hin zur Vergewaltigung. Solange diese Missachtung der Würde der Frauen am Arbeitsplatz und in der Gesellschaft andauert ist es scheinheilig, Prostitution verbieten zu wollen.

Die eine wie die andere Position, Legalisierung oder Verbot, werden im Namen des Feminismus vertreten. Es gibt gute Gründe für die eine wie für die andere Position. In der europäischen Union gibt es sehr unterschiedliche Gesetzgebungen. Um endlich Licht in diesen Dschungel an widersprüchlichen Gesetzen zu bringen, wäre eine juristische Harmonisierung in ganz Europa wünschenswert, wobei der Fokus auf Liberalität liegen sollte, meinten Expertinnen, die sich am 5. November zu einem Podiumsgespräch in Wien trafen. Denn das Verbot dient den Frauen nicht. Das schwedische Modell habe viele Mängel. Die Abschaffung der Prostitution sei eine Illusion, es ginge auch um die Existenzsicherung dieser Frauen. Müsste nicht vielmehr überlegt werden, wie die Diskriminierungen bei Einkommen und Karriere abgeschafft werden, und auf welche Weise sonst noch Gleichstellung zu erreichen sei. Vielleicht werden sich dann Frauen in Zukunft nicht mehr prostituieren. Natürlich ist Prostitution Ausdruck patriarchaler Machtstrukturen. Dennoch müsse man die Frauen selbst entscheiden lassen, wenn sie dieser Tätigkeit nachgehen wollen. Ungefragt über ihre Köpfe zu bestimmen und ein Verbot zu verhängen, das ist zutiefst unfeministisch. Freie, sexuelle Entfaltung aller Menschen die sich nicht für Sex bezahlen lassen, sondern ihn genießen mit wem und wann sie wollen,  dass ist Zukunftsmusik und wird wohl erst mit der Abschaffung des Geldes stattfinden können, in einer Gesellschaft wo es keine Diskriminierungen mehr gibt.

Quelle: www.diestandard.at

Politique

26-Nov-2013 Par

Empiffrez-vous!

Laissons de côté les chiffres et autres statistiques et posons-nous les questions simples: à quoi bon cela sert-il d'être très riche?

Empiffrez-vous!

 

 

 

C’est l’expression à la mode de la future coalition DP-LSAP-Verts: « Du poison pour notre économie ». Une expression que notre futur premier et ex-bourgmestre emploiera certainement plus d’une fois. Elle semble lui plaire. Mais de quoi parle-t-il au juste? De l’augmentation de l’impôt sur le capital, par exemple. Ou bien de la taxe sur les transactions financières, communément appelée Taxe Tobin. Du poison, du poison, du poison…
Il n’est pas trop difficile de comprendre l’économie libérale: impôts, pas bon. Pas d’impôts, c’est bon. Car voilà, les libéraux le savent et l’homme est ainsi fait: s’il n’a pas au-dessus de lui un bon patron, il ne saura rien faire de ses dix doigts. Et qui c’est qui donne du boulot? La patron, pardi!
Mais n’avez-vous pas remarqué que quelque chose cloche dans l’argumentaire des libéraux de toutes les sauces? Vous savez, ceux qui prétendent que les patrons, pardon, « les entrepreneurs », auraient besoin de beaucoup d’argent pour avoir envie de se lever le matin? Ne nous comprenez pas mal: nous ne parlons pas d’argent qui serait réinvesti dans la production. Non, nous parlons de ces fameux « incentives », comme disent grossièrement les amateurs de « business-globish« . Nous parlons money, argent, flouze, pépètes. Des grosses pépètes, hein. Pas les timbres annuels de la coopérative de Bonnevoie!

Etre nul ou être entrepreneur, il faut choisir!
Voilà comment marche le monde: pour commencer, il est divisé en deux. D’un côté, il y a nous. C’est-à-dire des gens qui ne savent pas prendre la moindre initiative. C’est à se demander d’ailleurs comment nous avons fait pour survivre jusqu’à présent. Si, d’accord, nous savons commander une baguette à la boulangerie. Nous savons aussi prendre un bus et connaissons ses horaires (enfin, notre ligne, faut pas charrier). Nous avons même réussi, pour la plupart d’entre nous, à décrocher au moins une fois dans notre misérable vie, un emploi. Et ensuite? Ensuite nous avons intérêt à nous réjouir de l’existence des « autres ».
Les « autres » ne sont pas comme nous. Ce sont les « entrepreneurs ». Ils entreprennent des trucs. Beaucoup de trucs. Des tonnes de trucs. C’est simple, quand ils ne peuvent pas entreprendre, ils dépriment, ils se morfondent, ils dépérissent. Le pire, c’est que tout le monde, c’est-à-dire nous lamentables amibes, en plus d’être de fichues feignasses assistées, nous sommes méchants. Nous ne supportons pas qu’ils entreprennent des trucs. Comment? En leur interdisant de faire des millions. Et ça, ça les déprime nos surhommes et surfemmes d’entrepreneurs.
Mais il y a une chose qui cloche: si nous les comprenons bien (nous lisons souvent le Paperjam), ces hommes et ces femmes ne connaissent qu’un seul carburant qui fasse fonctionner leur moteur: l’argent. C’est assez surprenant. Nous pensions naïvement que ces entrepreneurs avaient surtout envie d’innover, de faire des choses intéressantes, d’avoir la satisfaction de faire avancer la société. Oui, mais à condition de bien se remplir les poches.
Une question nous taraude. Imaginons qu’un revenu mensuel ne dépasse pas les 10.000 euros. 10.000 euros net, soyons généreux. A l’heure actuelle, un tel salaire serait tout à fait acceptable, non? Vous pourriez vivre avec cette idée? Il vous permettrait de devenir propriétaire de votre logement, votre voiture serait financée sans prêt, vous pourriez épargner sans pour autant vous priver d’un certain nombre de plaisirs de la vie. Même vos enfants, si vous en avez, ne devraient pas trop se faire de soucis. Comme des oeufs en gelée!

Imaginons ensuite que vous ayez une passion: la mécanique, la gastronomie, l’infographie… Avec un tel salaire bien assuré qui vous aura libéré des soucis matériels (le reste, c’est à vous de voir, mais vous pouvez encore vous payer un psy), qu’est-ce qui pourrait se mettre en travers de votre souhait d’entreprendre quelque chose en rapport avec votre passion? La banque me direz-vous. Certes, c’est la faille. Elle ne prête plus qu’aux riches (mais c’est un autre problème sur lequel Goosch reviendra). Mais admettons que vous arriviez encore à financer votre projet, ce qui n’est pas encore impossible. Laisseriez-vous tomber si les 100.000 euros net minimums (on a ajouté un zéro là!) ne tombent pas mensuellement? Allez-vous vous détourner de l’entreprise de votre passion car vous ne pourrez plus vous adonner à la construction d’architectures financières complexes qui vous permettront d’engranger des millions? Serez-vous démotivés?
Non? Oui? La réponse à ce psychotest primaire vous aidera à vous situer. A savoir si vous aimez entreprendre ou tout simplement profiter.
Loin de nous l’idée de vouloir moraliser. Ce n’est pas notre intention. Mais nous voulons savoir, en bon béotien que nous sommes, à quoi bon peuvent servir ces montagnes d’argent à votre disposition? Acheter non pas une, mais plusieurs maisons? Un jet privé? Une ribambelle de domestiques? Des tableaux de collection que vous ne regarderez jamais? Des jeunes femmes? Des jeunes hommes?

« La réponse à ce psychotest primaire vous aidera à vous situer. A savoir si vous aimez entreprendre ou tout simplement profiter. »

La question du capitalisme est aussi une question concrète, triviale. D’un côté une minorité qui ne sait plus quoi faire de tant de richesses, de l’autre une majorité en manque. Allons plus loin: savez-vous ce que sont les « snuff movies »? Si vous ne le savez pas, c’est que vous êtes soit sains d’esprit, soit mal informés (l’auteur est bien informé, rassurez-vous). Ces « films » réalisés clandestinement sont vendus à prix d’or. Pourquoi? Tout simplement car ils documentent le meurtre réel, souvent précédé de tortures ou de viols réels sur une personne toute aussi réelle. A ce qu’il paraît, ces films font un carton, notamment auprès de richissimes émirs du Golfe. La richesse ne conduit évidemment pas systématiquement, et c’est encore heureux, à de telles perversions. Mais l’existence de ces films indiquent que l’assouvissement complet de toute forme de désir ou de fantasme conduit à l’ennui et à la recherche de sensations fortes qui vont crescendo.
En 1989 était sorti le film trash-gore « Society » de Brian Yuzna (qu’il ne faut regarder qu’une fois votre digestion terminée) qui combinait les pires dépravations sur fond de lutte de classes: il y décrivait une secte de milliardaires de Beverly Hills, pratiquant des orgies littéralement monstrueuses lors desquelles ses membres, tous issus de l’oligarchie locale, dévoraient un pauvre type ou une pauvre fille. L’un d’entre eux lance d’ailleurs à un jeune ouvrier, le héros du film, lorsque ce dernier veut comprendre le pourquoi de ces rites horribles: « Tu n’as donc rien compris? Cela fait des siècles qu’on vous bouffe! »

Un peu de décence, voyons!
Le philosophe Jean-Claude Michéa explique que les « gens simples » font preuve, généralement, d’un sens de la décence plus développé que le haut du gratin. Non pas parce que les « gens simples » seraient par nature meilleurs que les très riches, mais tout simplement parce que la vie matériellement limitée vous pousse vers des valeurs de décence: savoir-vivre entre personnes car il faut pouvoir s’entre-aider au cas où, faculté d’apprécier des plaisirs plus abordables, tenter de respecter la parole donnée car rien ne vous est offert. C’est la « common decency » dont parlait George Orwell.
Faut-il lire de la philosophie pour se rendre compte de ces évidences? Des évidences que l’humanité a comprises depuis l’aube de la civilisation et sur lesquelles se sont fondées les plus grands courants religieux. Bouddhisme, christianisme ou islam: à leur manière, ils mettaient à l’ordre du jour la question du surplus d’argent, donc de pouvoir, comme élément de déliquescence de l’homme ou de la femme et, finalement, de la civilisation. Et même si l’oligarchie médiatique et économique feint de l’ignorer, ces évidences continuent à être comprises par tout le monde. Il suffit d’avoir un minimum de décence commune.

Droit de vote des étrangers et nouvelle nation luxembourgeoise

Et si le droit de vote accordé aux étrangers allait de pair avec la formation d'une nouvelle nation luxembourgeoise? Jean-Laurent Redondo propose un argumentaire en vue d'un débat à venir.

Droit de vote des étrangers et nouvelle nation luxembourgeoise

Au vu des dernières statistiques publiées par le STATEC, il s’avère que la proportion des étrangers dans la population résidente du Luxembourg a de nouveau augmenté en 2013. Celle-ci atteint désormais 44,5 % de la population totale. Le Luxembourg compte actuellement 362.500 salariés, qui se répartissent comme suit : 104.500 résidents de nationalité luxembourgeoise, 98.300 résidents de nationalité étrangère et 159.700 travailleurs frontaliers. Ces chiffres appellent plusieurs observations.

La généralisation du principe de double et multiple nationalité en 2009 n’a pas infléchi la tendance à la hausse de la proportion des résidents non luxembourgeoise dans la population totale du pays. Le déficit démocratique dont pâtit le Luxembourg, continue à croître. La Chambre des Députés, qui pourtant adopte les lois qui s’imposent à tous, représente de moins en moins le pays réel. Elle risque de ne représenter dans un proche avenir qu’une minorité de la population résidente du pays. À défaut de remédier à temps à cette situation, la cohésion sociale ne pourra qu’en souffrir.

La situation est encore plus dramatique si on se place dans la perspective du mouvement ouvrier. Presque trois quarts de la classe ouvrière du pays – dans l’acceptation moderne du terme, c’est-à-dire l’ensemble des salariés – est dépourvue de droits politiques. Bien que cela ne soit dans l’intention d’aucun acteur politique, des analogies avec l’époque du droit de vote censitaire apparaissent. Les conséquences d’une telle situation ne peuvent être que néfastes. La composition du corps électoral est faussée au détriment des salariés. Les intérêts socio-économiques de ces derniers ne peuvent s’articuler à la Chambre des Députés à leur juste mesure.

Déficit de représentativité

À l’avenir, les forces politiques et syndicales qui représentent le monde du travail devront se battre de manière accrue pour faire correspondre le souverain, c’est-à-dire le corps électoral, à la société réelle du Luxembourg. Deux voies complémentaires mènent à cet objectif.

D’une part, l’accès à la nationalité luxembourgeoise doit être facilité, notamment en introduisant dans la loi sur la nationalité une dose beaucoup plus forte de droit du sol et en allégeant les conditions de résidence et de langues. La deuxième voie consiste à introduire au Luxembourg une véritable citoyenneté de résidence, en accordant le droit de vote actif aux niveaux communal et national à tous les résidents, tant luxembourgeois qu’étrangers, dans la mesure où ces derniers remplissent une condition de résidence à déterminer par la loi. Évidemment, cette deuxième voie est la préférable. Mais elle présuppose une réforme de la Constitution et risque de prendre plus de temps.

Les forces conservatrices s’opposeront au droit de vote des étrangers, en s’appuyant sur la moitié de l’opinion publique luxembourgeoise, qui, si l’on en croit les sondages, rejette une telle réforme. À terme, cependant, elles devront céder devant une exigence démocratique qui s’imposera à tous. Vu les réalités sociétales au Luxembourg, qui sont uniques en Europe, des solutions audacieuses devront inévitablement s’appliquer.


la Nation: expression de la Révolution par lepartidegauche

À n’en pas douter, le ferme engagement des principales organisations patronales du Luxembourg en faveur du droit de vote des étrangers pèsera lourd dans les discussions à ce sujet. Les motivations du grand patronat pour faire avancer cette cause ne peuvent évidemment que s’opposer à celles de la gauche radicale et transformatrice. Les grands patrons du Luxembourg, à l’unisson avec leurs pairs européens, ont fait le choix d’un capitalisme mondialisé, régi par la seule logique du marché et de la concurrence libre et non faussée. Dans leur optique, ces principes devront déterminer toutes les évolutions futures ; les États nationaux n’auront qu’à s’y soumettre.

En outre, il est dans l’intérêt du grand patronat que la classe ouvrière luxembourgeoise soit atomisée et communautarisée. Devoir composer avec une classe ouvrière unifiée et solidaire, qui sait défendre collectivement ses intérêts socio-professionnels, représente l’alternative à éviter. La gauche radicale et transformatrice doit prendre le contre-pied de l’approche du grand patronat. Elle ne peut se contenter d’attendre passivement que la citoyenneté de résidence devienne réalité. Elle doit inscrire son combat pour le droit de vote des étrangers dans une stratégie à plus long terme. Conquêtes de nouveaux droits démocratiques et construction d’une nouvelle nation luxembourgeoise doivent aller de pair.

Une nouvelle nation à construire

Au stade actuel de l’évolution de la civilisation humaine, le dépassement des nations n’est pas à l’horizon. La perspective à court terme est leur maturation. Dans le passé, l’appartenance à une nation s’est définie principalement sur base de critères ethniques. Dans une conception moderne, elle se définit par le lien juridique, qui existe entre une personne et l’Etat dont elle possède la nationalité. À l’avenir, la résidence ainsi que la naissance sur le territoire d’un État devront être prises en compte dans une plus grande mesure. À cet égard, le Luxembourg illustre parfaitement les évolutions qui seront appelées à se faire dans le futur.

La gauche radicale et transformatrice devra inscrire son action politique résolument dans la perspective d’une maturation de la nation luxembourgeoise. Elle devra s’appuyer sur la conquête de la citoyenneté de résidence, complétée par un accès à la nationalité luxembourgeoise, pour faire évoluer la nouvelle nation luxembourgeoise vers une véritable communauté de destin, au sein de laquelle les citoyens et citoyennes ne se différencient pas sur base de critères ethniques ou religieux. Une telle évolution est une précondition tant pour l’exercice de la souveraineté populaire et le développement d’une véritable démocratie participative, que pour une acceptation beaucoup plus large d’un nouveau modèle de société assurant un partage plus égalitaire des richesses produites.

Dans ce processus, un rôle primordial reviendra au développement de la langue luxembourgeoise, non comme langue unique, mais comme langue commune. Elle sera le ciment de la nouvelle nation luxembourgeoise. Elle devra être propagée avec volontarisme, mais sans jamais en faire un obstacle à l’exercice de la citoyenneté. La nouvelle nation luxembourgeoise se dotera tôt au tard de superstructures étatiques sous forme de République sociale et laïque.

Elle se développera en étroite association avec les autres nations européennes. Le processus d’unification européenne correspond à des nécessités objectives, qui découlent du développement actuel des forces productives. Évidemment les formes concrètes que prend ce processus sont l’enjeu des luttes de classes, qui traversent et structurent les sociétés européennes. Ce processus de rapprochement des nations, que l’on observe également sur d’autres continents, nous fait déjà entrevoir un stade ultérieur du développement de la civilisation humaine, lorsque le dépassement des nations progressera, à fur et à mesure que l’humanité avancera vers des formes supérieures d’organisation sociale, socialistes et communistes. Mais ces tâches-là ne se poseront qu’à de futures générations !

Politique

04-Nov-2013 Par

Le réveil sera brutal

Aux yeux de certains, la coalition DP-LSAP-Gréng promet un renouveau politique. C'est possible, mais il ne s'agit pas forcément du changement escompté.

Le réveil sera brutal

Non pas que nous ne nous réjouissions pas d’une très probable relégation du CSV sur les bancs de l’opposition. L’attitude ces derniers jours de ce parti face à ce qu’il considère être un ostracisme ne peut que nous conforter dans l’idée qu’il était temps de sevrer les chrétiens-sociaux trop habitués à de fortes doses de pouvoir. Leur attitude n’est d’ailleurs pas étonnante. Imaginez un instant que le Parti communiste chinois soit évincé du pouvoir à Pékin. Que de carrières interrompues prématurément ! Bien plus (ou bien moins) qu’un parti politique, le CSV est avant tout une machine à pouvoir dont le socle repose sur sa capacité à distribuer privilèges et prébendes. La nouvelle configuration pourrait l’affaiblir de manière plus fondamentale, d’autant plus si les ambitions des uns et des autres le plongent dans une longue guerre civile.

Le principal atout du nouveau gouvernement est donc d’avoir chassé le CSV du pouvoir. Et ensuite ? Il faudra bien qu’il gouverne. A déi Lénk, nous l’avons souvent répété : il s’agit de changer de politique et non pas les têtes ou les partis. Cette coalition pourrait-elle faire avancer certaines choses sur le terrain du sociétal ? Peut-être. Mais il ne faudrait pas oublier que le CSV n’est plus le parti ultra-clérical d’antan. Le gouvernement sortant n’était-il pas, par exemple, sur le point de légiférer sur le mariage homosexuel, voire l’homoparentalité ? Quelle sera donc la véritable plus-value de ce gouvernement ?

Le DP marque son territoire

Les problèmes vont débuter sur les questions plus « matérielles ». Car le vrai « Kulturkampf » ne se joue plus tellement sur les questions sociétales, qui ont conquis peu à peu la majorité de la population. Au 21ème siècle, en pleine crise du capitalisme, c’est la lutte capital-travail qui dessine la ligne Maginot droite-gauche. C’est sur ce terrain que les différences politiques s’établissent fondamentalement. D’ailleurs, avant même que les négociations aient été véritablement entamées, le DP n’hésite pas à marquer son territoire : tandis que Lydie Polfer explique que son parti exclue toute forme d’impôt sur la fortune, Claude Meisch réaffirme son attachement au « salaire minimum » pour jeunes. Plus (ou moins ?) symboliquement, le directeur d’Ernst & Young, Alain Kinsch, a été inclus dans la délégation de négociation. La place financière prend-elle définitivement le pouvoir ? Jean-Claude Juncker ne lui aurait-il pas cédé suffisamment, pour qu’elle le renvoie en lui substituant un gouvernement badigeonné de libéralisme sociétal pour mieux masquer ses canines prédatrices ?

Pendant ce temps, les problèmes sociaux prennent une ampleur qui s’aggrave sûrement et de moins en moins lentement : logement, pauvreté, conditions de travail. Lorsque l’on connaît la réalité du travail dans de nombreuses grandes enseignes (notamment du commerce), l’on se demande si abolir le droit du travail ne changerait plus grand-chose tant il est si peu respecté. Le nouveau gouvernement compte-t-il y remédier ou va-t-il continuer à ânonner ses litanies sur la « compétitivité » ? Après l’euphorie « gambienne » (qui se circonscrit toutefois à certains milieux libéraux « de gauche »), le réveil sera brutal.