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Rouge belge

 

 

Après de longues années d’absence, la gauche radicale fait son retour dans les assemblées des différents niveaux de pouvoir en Belgique. Mais la Belgique ne fait pas exception au tableau européen : la droite radicale progresse également, même si l’extrême-droite pure et dure ne fait pas de percée comme c’est le cas malheureusement dans beaucoup de pays européens.

C’est donc le PTB-GO (Parti du Travail de Belgique – Gauche d’Ouverture) qui enverra au total 8 élus dans les différentes assemblées. Le résultat final est peut-être un peu inférieur aux espoirs que les derniers sondages avaient fait naître, mais la victoire est bel et bien là : pour la 1ère fois depuis plusieurs décennies, et après plusieurs tentatives infructueuses de construire des alternatives à la gauche du PS et d’Ecolo, la gauche radicale fait son retour aux parlements.

La gauche radicale au parlement

Le parti a triplé voire quadruplé ses résultats aux précédentes élections fédérales et régionales. Cela offre d’énormes possibilités mais entraîne aussi de grandes responsabilités quant à la manière d’organiser, de structurer et de diriger la résistance face à l’avalanche de casse sociale qui se prépare.

C’est surtout dans la partie francophone du pays que la percée est la plus marquée. Elle est particulièrement significative dans les bastions ouvriers de la région liégeoise. Elle résulte principalement de 3 facteurs cumulés :

1. Le PTB a réussi à se débarrasser, au moins en apparence, de son passé mao-stalinien, pour devenir une organisation large et plus « acceptable ». Il a également réussi à attirer vers lui des fractions de la gauche radicale, comme le PC (Parti communiste) et la LCR (Ligue communiste révolutionnaire).

2. Dans les rangs syndicaux, des fractions importantes se sont ouvertement distanciées du Parti socialiste, en critiquant sa politique antisociale.

3. En conséquence, l’argument massue du Parti socialiste qui se présente comme seul rempart à la droite, notamment flamande, et qui martèle que « sans nous ce serait pire », fonctionne de moins en moins bien.


Cependant, ce sont surtout les écologistes qui ont perdu des plumes lors du dernier scrutin : leur score a quasiment été divisé par deux ! Ceci s’explique par un bilan très mitigé, y compris sur leur terrain de prédilection, l’écologie. Mais aussi par une droitisation progressive du parti « vert ».

La percée de la gauche radicale va donc apporter un souffle d’air frais dans les différentes assemblées, et notamment au parlement fédéral. Les partis traditionnels seront certainement étonnés de voir que, lors de la prochaine fermeture d’entreprise, des élus ne plient pas purement et simplement l’échine devant « les lois du marché ». Ils ne pourront plus simplement applaudir la publication des bénéfices engrangés dans le privé ces dernières années, des cadeaux fiscaux, des subsides salariaux et autres baisses de charges.

Leur étonnement sera encore plus grand si les élus du PTB-GO sortent de leurs bureaux feutrés pour rejoindre les travailleurs en lutte, aux portes des usines. On attend aussi du PTB un soutien actif aux luttes sociales, non seulement au parlement mais surtout dans la construction de plans d’action susceptibles de changer le rapport de force.

Ouverture et radicalité

Et si la discussion ne se limite plus à la négociation du recul social mais aborde aussi l’appropriation collective des moyens de production sous contrôle public en tant qu’alternative – le parlement sera profondément ébranlé.

La percée de la gauche radicale était attendue depuis longtemps. Sa concrétisation est porteuse d’espoir. Elle aurait pu être encore plus forte si le PTB-GO avait ouvert plus largement les portes à toutes les composantes de la gauche radicale, et notamment au PSL (Parti socialiste de Lutte), qui appelle depuis plus de 10 ans à la construction d’un rassemblement à gauche, capable de représenter valablement les travailleurs.

Toujours est-il que 8 élus c’est une première et belle victoire. On est en droit d’attendre qu’ils fassent au moins aussi bien que Kshama Sawant, l’élue de Socialist Alternative à Seattle, qui a réussi, en organisant le mouvement social à la base, à obtenir une avancée sociale majeure : le salaire minimum à 15 dollars de l’heure. C’est le niveau le plus élevé de tous les Etats-Unis.

Cette victoire locale est devenue une source d’inspiration pour toute la classe ouvrière américaine. Elle montre comment il est possible de transformer une victoire électorale en victoire politique et sociale, en organisant la lutte. Puissent nos camarades belges s’en inspirer.