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Cinéma : «Moi, Daniel Blake» de Ken Loach

Alors que l’actualité politique n’est pas totalement réjouissante sur tous les fronts, il y a des événements récurrents qui sont de nature à nous redonner de l’espoir pour la lutte. Les films de Ken Loach, par exemple.

Son dernier opus, «Moi, Daniel Blake» a reçu la palme d’or au dernier Festival de Cannes, la deuxième de sa carrière après «Le vent se lève» en 2006, magnifique film relatant la lutte d’indépendance en Irlande au début du XXe siècle. Habitué de la Croisette – avec notamment 3 prix du jury – il a aussi été récompensé par le César du meilleur film étranger en 1996 pour son inoubliable «Land and freedom» sur la guerre d’Espagne.

Dans son discours à la cérémonie de remise de la palme d’or au mois de mai dernier, Ken Loach avait insisté sur le fait que «le monde où nous vivons est en proie à un dangereux projet d’austérité véhiculé par des idées que nous appelons néo-libéralisme et qui nous a mené au bord du gouffre» Et de rajouter qu’il faut «donner un message d’espoir et dire qu’un autre monde est possible et nécessaire».

Dans «Moi, Daniel Blake», ce sont bien les conséquences dramatiques pour les classes populaires de l’austérité et des agressions néo-libérales engagées depuis Margaret Thatcher qui sont mises en image. Daniel Blake, menuisier de 59 ans en arrêt maladie suite à une crise cardiaque, est quand même obligé de se mettre à la recherche d’un emploi par le «Job Center», sous peine de sanctions. Il y rencontre Katie, mère célibataire de 2 enfants qui se voit contrainte d’accepter un emploi à 450 km de chez elle, sous peine d’être mise en foyer d’accueil. Ils vont s’entraider face à la brutalité de ce système qui, comme le souligne Ken Loach, ne fait que «punir les pauvres».

Tout au long de sa carrière prolifique, le réalisateur britannique a constamment écrit, réalisé et produit des films et des documentaires à contre-courant, malgré les difficultés financières et la censure (comme il l’a vécu à la BBC au moment de la grève des mineurs en 1984). En traitant toujours des sujets profondément politiques très variés, comme les difficultés de familles pauvres en Grande-Bretagne en passant par la guerre en Irak ou le sort des clandestins mexicains travaillant aux USA, Ken Loach réussit à nous faire ressentir que la lutte est universelle. Avec un génie cinématographique qu’il a mis au service du vécu de ces hommes et de ces femmes, il réussit toujours à nous faire vivre ces événements pleinement et provoquer une prise de conscience qui doit nous pousser à lutter pour construire un autre monde.

À voir au ciné Utopia

Source: Ken Loach, «Défier le récit des puissants» aux éditions indigène

www.indigene-editions.fr